Saltus perceptuel

lundi 11 mars 2013 à 11:45

"Autre concept important, le changement n'est pas linéaire. Voilà pourquoi, sur une échelle de zéro à dix, nous procédons dans l'ordre, du un au dix mais, comme on l'observe dans la nature pour tous les phénomènes naturels climatiques, physiques et biochimiques, notre progression n'est pas linéaire. Les changements ont des sauts, comme le décrit la théorie des catastrophes, ou alors ils se font en spirale et donc ils vont en avant, puis en arrière, puis en avant, où le fait d'aller en avant revient à revenir en arrière, pour ensuite avancer."
(Giorgio Nardone)

La majorité des approches linéaires et rationalistes visant le changement ne prennent pas cela en compte. C'est le cas de la musculation classique, dont les cycles et planifications sont rigides ou assez rigides, soumis au "principe de réalité" déterminant la voie à suivre (la croyance dans le No pain no gain).
L'adaptation est forcée, et la tentative de soumettre les cycles naturels à des "cycles de papier", si elle donne des résultats à court terme, conduit à l'épuisement de l'individu à plus long terme (blessures, pathologies mentales et physiques diverses). Cette pratique induit et justifie le dopage, car les drogues sont alors le seul moyen d'échapper aux blocages résultants d'une confrontation perdue d'avance avec un "réel" que l'on veut soumettre (au lieu de coopérer avec lui).

La Méthode a développé les concepts de Boucle et Mini boucle, où le cycle est au coeur même de l'entraînement, cherchant à épouser au plus près les cycles naturels, se greffant sur "l'ordre des choses" et produisant une transformation silencieuse. L'adaptation (la transformation corporelle) n'est plus forcée, elle est juste "invitée à se produire". Le principe de la Méthode est de créer les conditions pour que l'évolution se produise quand elle est possible avec un minimum de heurts, de violence envers soi et donc d'effets secondaires pénibles et désagréables. Comme dans le Yoga ou la stratégie chinoise, nous cherchons "le chemin de moindre résistance". Il s'agit d'apprendre à chevaucher son tigre.

Ceci n'est pas immédiatement perceptible de prime abord, surtout si l'on ne pratique pas, et ce malgré les textes de fond, qui informent, mais ne peuvent produire le déclic sans la pratique.
Aussi, c'est la pratique régulière de la Méthode, en suivant les prescriptions pour une bonne gestion de l'entraînement, qui conduit au Saltus perceptuel, c'est-à-dire un changement de perception de la "réalité" en ce qui concerne la meilleure façon d'obtenir du muscle. Peu à peu, de déclic en déclic, de petit pas en petit pas, on se débarrasse de l'a priori No pain no gain pour entrer dans une autre réalité, qui s'avère de plus en plus gratifiante.



"Il ne faut pas faire violence à la nature, il faut la persuader."
(Epicure)


Nota : Giorgio Nardone parle d'une "échelle de un à dix". Dans le cadre de la Méthode, il s'agit des niveaux 1 à 13. Ce qui signifie que la progression suit une avancée dans les niveaux, mais avec de fréquents allers et retours; le changement linéaire s'inscrit dans de petits cercles, eux-mêmes inscrits dans des cercles plus vastes, eux-mêmes inscrits dans de plus grands cercles encore, etc. La structure est linéaire, le processus est circulaire.
Posté dans Philosophie
Olivier Lafay

Commentaires

  1. Depuis que je connais la méthode, j'aime cette façon d'étudier les réactions du corps pour mieux le vivre. Plus je lis d'articles sur ce blog, plus je comprends pourquoi j'adhère... C'est probablement aussi en tant que pratiquant d'arts martiaux (kung-fu) que cette approche "me parle" (quand on a son corps pour seul instrument, on y fait attention ;-) ).

  2. Kien kien a écrit:

    Superbe
    Le saltus perceptuel serait un eureka, satori, éveil ?

  3. Bonjour Olivier,
    Je suis entièrement d'accord avec tout ce que tu viens de dire.
    Je le réalise bien souvent au niveau de mes entrainements avec la méthode, mais ces derniers mois difficiles de ma vie,comme tu le sais , je réalise que de "boucler",c'est à dire faire quelques retours sur sa vie passée, est aussi très bénéfique, pour juger des erreurs commises,car bien souvent ,on continue sans prendre le temps de se poser, à se fracasser la tête contre un mur,alors que la solution est juste là devant nous !!!
    Ta méthode est bien plus que de la simple musculation, personnellement, elle est en train de m'ouvrir sur une vie bien meilleure grâce à tes articles, et aux livres de Paul Watzlawick !!!
    Je te remercie sincèrement pour tout ce que tu fais !!!
    Emmanuel

  4. Demon-king a écrit:

    La structure est linéaire, le processus est circulaire. -> le logo :D

  5. Olivier Lafay a écrit:

    Kien-kien, oui, c'est cela. Parlons d'Eureka ou de Kensho pour toutes les "petits" changements de perception qui accompagnent le cheminement et ponctuent la transition du No pain no gain à l'Efficience. Et parlons de Satori ou d'Eveil pour l'illumination finale.
  6. Olivier Lafay a écrit:

    Emmanuel, j'en suis très heureux. Continue à Boucler ta vie et ton sport, et à lire ces grand hommes.
  7. Olivier Lafay a écrit:

    Demon-King, ton oeil est subtil. Le logo représente bien le discours, qui est lui-même une représentation de l'entraînement. Le cercle du logo n'est pas parfait car, comme je l'ai déjà dit, nous sommes en chemin.
  8. Merci beaucoup d'avoir partager ce concept de "moindre résistance" pour de plus grand résultat. Cela m'inspire beaucoup comme concept de vie et pas seulement dans le domaine du sport :)
    C'est Universel!

  9. shadowws a écrit:

    La pratique, tout ce qui me manque...
    S'il existe bien une chose avec laquelle j'ai du mal, c'est bien l'action !
    Ca fait du bien d'avoir, parmis tous les articles théoriques (passionnants, mais qui me paralysent devant mon ordinateur ^^'), un petit rappel à l'ordre !

    PS : j'ai repris la méthode Mardi dernier ! :-)

  10. Pschhitt a écrit:

    Boucle, mini-boucle, cycles, ou comment réinventer l'eau chaude...

  11. Olivier Lafay a écrit:

    C'est une opinion intéressante.
    Serait-il possible de la développer davantage, en argumentant?

    Puis-je également m'autoriser à entamer avec vous une conversation que j'espère enrichissante sur l'obtention et l'utilisation de l'eau chaude? Le niveau de votre première intervention est tel que vous me flatteriez vraiment en acceptant.
    Je pense que celui qui a inventé le chauffe-eau et le mitigeur a considérablement modifié l'obtention et l'utilisation de l'eau chaude, pas vous?
    En effet, s'il fallait encore obtenir son eau chaude en faisant chauffer une marmite d'eau et en contrôlant en permanence la température, ce serait une tâche pénible, ce que ce n'est plus.
    Vous êtes si captivant que je serais prêt à bavarder d'eau chaude des heures durant avec vous. Echangeons sur les sources naturelles d'eau chaude, les thermes romains, les multiples intérêts du confort moderne et comparons avec une vision plus fruste, hasardeuse et primitive du bien-être.
  12. Franciskus a écrit:

    Pschhit :
    - ariane 5, ou comment réinventer le cerf-volant
    - Ferrari testa rossa, ou comment réinventer la roue
    - bombe atomique, ou comment réinventer la poudre
    - moulinex, ou comment réinventer le fil à couper le beurre
    - la méthode lafay, ou comment réinventer la musculation.

    Tu es au commentaire constructif ce que la vacuité est à l'esprit.

    Tu devrais faire comme la boisson du même nom : disparaître définitivement.

  13. Franciskus!! Merci mdr!!
    Merci également a Mr Lafay pour cet article!!!

  14. Tanhor Ullerdran a écrit:

    Un de mes articles favoris jusque-là. Encore plus accessible que les autres tout en en apportant autant. Je trouve également qu'il s'applique encore plus à la vie personnelle que les précédents du genre.
    (le dernier article m'ayant autant frappé est un des premiers concernant l'efficience, je ne sais plus lequel ^^")

  15. Vous n'avez rien inventé, et vous le savez bien.

    Je m'amuse beaucoup a lire votre prose qui n'est finalement que du packaging.

    Sur ce je vous laisse avec votre cour...

    Pschiit

  16. Olivier Lafay a écrit:

    Argumentation inexistante.

    C'est ce qu'on appelle un triple aveu de faiblesse :
    - besoin irréductible de venir cracher son venin quand un article dérange (jalousie, inquiétude, certitudes très ébranlées);
    - incapacité (culturelle et/ou intellectuelle) à prouver son opinion (si je n'ai rien inventé, cela doit être facile de le prouver);
    - peur à l'idée de donner sa véritable identité (lâcheté qui fait perdre toute crédibilité).

    L'amusement n'est pas dans votre camp, c'est certain.
  17. Dada51330 a écrit:

    Olivier
    Vous avez une façon de remettre vos détracteurs a leur place qui me plaît beaucoup!!!. Bravo pour votre méthode et votre blog qui m enrichit de jour en jour.

  18. Merci Olivier pour cet article "vrai". Je boucle et reboucle,depuis maintenant quelques annees et les resultats arrivent...
    Encore des articles de ce genre...bon,pour une maitrise optimale de la methode.
    Merci encore !!

  19. Je pense que la vitesse de progression d'un pratiquant dépend essentiellement de la fréquence d'apparition de ces "Eurêka"...


    Pour illustrer mon propos:

    Des fois je relis des carnets, et je me dis: "tiens tel pratiquant était a ce point là, à ce moment là de sa pratique" ; alors que moi je viens juste de comprendre, ou d'appliquer ce "petit changement".
    Or j'aurai opéré à ce changement plus tôt, peut être que j'aurai plus rapidement progressé.

    Mon questionnement est alors le suivant:
    > Ces changements arrivent-ils à un instant T par hasard?
    > Ou bien arrivent-ils seulement lorsque l'on est capable de les assumer?

    Exemple 1:
    Pendant deux ans de pratique, je n'ai que très rarement exercé ma souplesse. J'ai dû attendre le niveau 12 avec ses quatre entrainements hebdomadaires pour que mon corps me disent: soit tu t'étires soit tu ne peux plus bouger demain pour ta séance...
    Depuis je m'étire. Parce que j'ai la motivation pour.
    Avant je n'avais pas cette motivation, donc je ne pouvais pas opérer à ce "petit changement".

    Exemple 2:
    Pendant ma première année de pratique, avec l'achat de turbo, j'ai ajouter le curl Lafay à mes séances. Mon niveau athlétique à ce moment ne me permettait pas de récupérer suffisamment, surentrainement contre productif. Je l'ai arrêté pendant plus d'un an, aujourd'hui je l'ai rajouté et mes bras ont très bien réagis.
    Donc, ce "petit changement" à pu être appliqué qu'à partir du moment où je pouvais l'assumer...

    La vitesse de progression d'un pratiquant dépendrait alors de l'apparition de ces "petits changements", et de la capacité de ce pratiquant à créer les conditions favorable nécessaires à l'application cet "Eurêka".

    Et ceci rentrant dans un cercle vertueux, où un "Eurêka" en entraine un autre, la progression du pratiquant s'emballe...
    Et ceci expliquerai les gros progrès athlétiques obtenus en très peu de temps par certains pratiquants.

  20. Jean-Paul>Au niveau des rythmes de progression, cela va dépendre de chacun , de l'environnement dans lequel on vit, ses contraintes, ses possibilités, son aptitude à gérer ses contraintes...

    Pour moi la base c'est de commencer "bêtement" par arriver à suivre le livre et à tout mettre en place sur une période de quelques semaines.
    La base c'est d'abord d'arriver à suivre la méthode comme il faut en terme de séances faites, d'étirements (!), d'alimentation.
    On a pas à chercher la progression rapide au début, le but est d'abord de trouver un rythme.

    En quelques semaines, on voit très vite si on a réussi à mettre en place "les conditions de sa réussite".

    -ai-je trouvé le bon créneau horaire pour m'entraîner régulièrement et dans de bonnes conditions?
    -arrive-je à manger correctement/changer mes habitudes alimentaires petit à petit si elles étaient mauvaises?
    -est-ce que mon organisation globale est cohérente ?

    Plus vite on a mit en place tout ça, plus vite on pourra commencer à s'intéresser "aux +".

    Et déjà, sans rechercher la progression rapide, en restant sur les bases et en faisant en sorte de les appliquer correctement, la progression sera là comme conséquence "obligatoire".

    Au début on consacre son temps à la mise en place des bonnes conditions pour avancer sur le chemin de la gloire et de la fortune une fois cela fait, on avance et on peut consacrer du temps pour agrandir son stock de solutions disponibles.

    On sait qu'on va s'entraîner régulièrement, on sait qu'on arrive à gérer son alimentation en fonction de ses contraintes, okay c'est très bien maintenant on peut creuser les choses.

    Là on peut s'intéresser à la stratégie de l'entraînement à proprement parler. Okay on peut tout faire, mais voilà il y a un souci/quelque chose qui m'interpelle: je progresse peu en performances/ou bien mais c'est lent comparé à ce qu'il est possible de faire.

    Maintenant en lisant le blog, turbo, on en apprend plus sur les différentes stratégies existantes et on peut commencer à les mettre en place.
    L'idée ne sera pas de chercher à copier parfaitement la façon dont quelqu'un a mis en place une stratégie, mais de s'inspirer de ce qui est fait, de ce qui est possible, afin de trouver l'action la plus juste possible pour soi, en fonction de ses contraintes et de son environnement en gardant en tête que pour progresser plus vite, plus facilement, il faudra contourner les obstacles et non pas les affronter de face.

    Le rythme de progression d'un pratiquant pourrait être fonction de différents facteurs:

    -l'aptitude du pratiquant à chercher comme faire gérer autrement son entraînement s'il s'aperçoit que tout ne se passe pas aussi bien qu'il le voudrait

    -son aptitude à appliquer intelligemment les solutions possibles en fonction du contexte actuel pour lui-même (ne pas chercher une vérité à appliquer, mais l'action la plus juste possible pour soi)

    ==>Et en conséquence via la pratique, l'expérience, l'usage intelligent de boucles (pour augmenter son recul sur son entraînement) + l'apprentissage qu'on peut réaliser en parallèle, les prises de conscience pourront avoir lieu de plus en plus rapidement au fil du temps grâce à un cercle vertueux comme tu le disais...

    +
    -le niveau de pédagogie d'Olivier dans ses livres et articles :p

    Je ne sais pas si ça répond plus ou moins à ta question?

  21. Raphaël Arditti a écrit:

    Avec cet article, je vois aussi se dessiner un autre rapport au temps.
    En suivant la Méthode, on n'essayera pas de tout planifier à l'avance, avec des horaires extrêmement précis que l'on va chercher à respecter à tout prix.
    Par conséquent, on ne sait pas quand notre transformation corporelle et intellectuelle aboutira, mais on travaille à en favoriser l'avènement par des soins attentifs.

  22. Olivier Lafay a écrit:

    Ni forcer les régulations naturelles, ni se laisser dépasser par elles.
  23. Merci pour cette réponse complète Shiver ;)

    Je ne vais pas dire que ça répond exactement à ma question, mais ça me fais voir les choses d'une manière différente. Donc ça m'aide à trouver des réponses ;)

    Je suis d'accord avec toi sur tout se que tu dis. Mon étonnement réside dans différence de vitesse de progression des pratiquants...

    Tu vas me dire, c'est multi-factoriel, on l'a décrit au mieux, sans être exhaustif. Mais au final ça fait de sacré différences.

    Et je pense comme toi, que ta construction, au début de ta pratique, est très importante pour la suite.
    D'où l'utilité d'être bien guidé dans cette étape... Pour être d'autant plus autonome par la suite.

    "Tel le tututeur d'un futur grand chêne" xD

  24. Raphaël Arditti a écrit:

    D'où l'importance de les cadrer, non ?
    A la fois pour donner de la vitalité à celles qui en manquent, et pour orienter/canaliser celles qui en ont trop.
    Je trouve que c'est cette période où l'on élabore le cadre qui est la plus difficile à gérer. Ensuite, on peut tourner à plein régime.

  25. Olivier Lafay a écrit:

    C'est exact Raphaël, comme la mise en place du cadre dépend de perceptions liées à l'expérience de contrastes (de différences qui vont aider à ordonner, hiérarchiser, créer le cadre), je vais tâcher de travailler sur la mise au point de guides plus précis pour générer les bonnes perceptions pour chacun, au moment utile.

    Jean-Paul, le fait que la Méthode soit donc perfectible répond aussi partiellement à ta question :-)
  26. Raphaël Arditti a écrit:

    Là, je suis largué :-)
    J'essaye de débroussailler un peu...

    "Que savons-nous des relations ? En fait, encore très peu. Nous devons à la psychologie de la perception de savoir que seules les relations sont perceptibles. Nous voyons une forme parce qu'elle se détache sur un fond." (Watzlawick).

    Il faudrait donc apprendre à orienter son regard vers les bonnes relations, en fonction du contexte ? Ce qui impliquerait d'avoir déjà une idée du cadre (contexte) ?

  27. Olivier Lafay a écrit:

    Tu as choisi une citation adéquate.
    Pour trouver ce qui nous convient le mieux, il faut le trouver comme une forme sur un fond (contraste). Intégrer par l'action ce qu'est une bonne et une mauvaise régulation (son propre rythme "sain")... En détachant plusieurs fois des formes sur des fonds et en les mettant en relation, grâce à l'expérience, on peut ordonner ces perceptions et créer notre cadre. Il faut donc un premier cadre (le mien) pour accompagner la création d'un autre cadre (le vôtre) en prescrivant des expériences permettant de créer des distinctions, de hiérarchiser et donc de personnaliser (et aussi de sentir ce qui convient le mieux à un instant T, suite à l'accumulation de cette connaissance processive). Mon cadre va permettre d'expérimenter simultanément ou successivement des contrastes. Il guide l'expérimentation avec pour but une maîtrise de l'efficience, en contraste avec le no pain no gain, et avec des contrastes entre les autres solutions.
  28. Jean-Paul a écrit:

    Donc quand on passe par les différents niveaux, ou "expérience prescrite", on se fait une idée de notre cadre, par rapport à celui de la méthode?

    D'où les préférences entre certains niveau pour tel ou tel personne? Chacun trouve ce à quoi il réagit le mieux, mentalement et physiquement. Et plus encore, on apprend la "maitrise de l'efficience"?

  29. Raphaël Arditti a écrit:

    J'ai longuement réfléchi à ton commentaire Olivier, et voici ce que j'en retire pour le moment.

    Ce qui m'intéresse avant tout, c'est de mieux comprendre le processus par lequel nous en venons à supporter des entraînements de plus en plus exigeants.
    Le rythme d'entraînement auquel on s'astreint est encadré par des rythmes biologiques et psychologiques (nos capacités de récupération) ainsi que par des rythmes sociaux (travail, famille, amis etc.). Encadrer signifie que ces rythmes permettent et limitent notre entraînement : c'est parce que nos rythmes sociaux nous laissent des plages de temps libre et parce que nous disposons de facultés de récupération que nous pouvons exercer notre corps, mais en même temps, notre temps et nos facultés de récupération limitent la cadence de nos entraînements.

    L'idée est de faire en sorte que ces rythmes soient le plus en adéquation possible. Pour cela, il faut débuter à un rythme (niveau) qui s'accordent avec nos facultés de récupération et notre temps disponible. Puis, en augmentant progressivement les répétitions, pas à pas, on laisse le temps à nos facultés de récupération de croître, jusqu'au point de blocage où le rythme s'avèrera trop exigeant pour nous.
    A ce moment là, on revient en arrière, et comme le cadre aura été élargi (capacités de récupération accrues) on ira beaucoup plus loin qu'au premier passage. Cette avancée permettra alors d'élargir suffisamment le cadre, pour ensuite revenir surmonter aisément l'obstacle qui nous avait contraint à battre en retraite.

    Nota : je considère les notions de rythme, régulation, cadence, règle, norme et loi comme équivalentes. Ai-je raison de le faire ?

  30. Raphaël Arditti a écrit:

    "Travailler 7 jours sur 7 et 15 heures par jour minimum, je sais ce que c'est. Pendant plusieurs années, j'ai même travaillé jour et nuit, avec de longues périodes où je n'ai eu que de 3 à 5 heures de sommeil maximum par nuit."

    En quoi le processus que je viens de décrire peut m'être utile pour parvenir à un rythme d'enfer comme celui-ci ?
    Je pensais au début qu'élaborer des objectifs clairs et bien hiérarchisés (un cadre bien défini) suffiraient, mais j'ai l'impression qu'il faudrait davantage.

  31. Olivier Lafay a écrit:

    Rythme et régulation ne sont pas forcément synonymes. L'auto-régulation (principe de l'homéostasie, par exemple) consiste en une mécanique permettant de maintenir un équilibre (ou de le retrouver). Ce que n'est pas nécessairement le rythme.

    Mon prochain article sur l'efficience devrait permettre d'apporter un nouvel éclairage sur le phénomène (le rendant encore plus clair, je l'espère).

    Ce n'est pas une bonne chose de parvenir à ce "rythme d'enfer". Je l'ai fait sous la contrainte et j'en ai payé le prix.
  32. Raphaël Arditti a écrit:

    D'accord. Merci beaucoup pour tes précisions, je vais continuer à y réfléchir et je guetterai avec impatience l'arrivée du prochain article :-)

    Concernant ton parcours, est-ce que le concept d'efficience, tel que tu le conçois aujourd'hui, t'aurait permis de parvenir aux mêmes résultats, dans le même laps de temps, sans avoir à en passer par là?

    Je pensais au contraire que le concept d'efficience ainsi qu'un projet solidement construit avaient constitué pour toi une sorte de "déclic", et qu'après tes premières années de recherche chaotiques, tu avais pu avancer de manière beaucoup plus méthodique et organisée. Donc : + de motivation et une meilleure répartition de son énergie, qui auraient permis une réduction des besoins de l'organisme en terme de sommeil. Je pensais aussi que tu étais toujours plus ou moins sur ce rythme là actuellement, et que tu n'en payais "que" le prix sur le plan des relations sociales et affectives.
    Apparemment j'ai fait en partie fausse route...

  33. Olivier Lafay a écrit:

    Si je n'avais pas été efficient, sur le fond, je serais mort à l'heure qu'il est.
    Imagine une personne qui ne peut pas choisir mais seulement subir, par exemple une personne internée dans un camp. Formée à l'efficience, elle le sera autant que possible, ce qui augmentera ses chances de survie, mais elle ne pourra annihiler ni son internement, ni toutes les violences arbitraires des mâtons et des autres internés, ainsi que les décisions d'autorités invisibles quant à l'exécution de tel ou tel prisonnier.
    Dans des conditions normales, l'efficience construit ton "bonheur". Dans des conditions moins ouvertes, elle augmente tes chances de survie.
  34. Raphaël Arditti a écrit:

    Ton image me parle bien.
    Je retiens tout de même que même très bien armé conceptuellement, certaines situations nécessitent d'en arriver à ce genre d'extrémité.

  35. Raphaël Arditti a écrit:

    "Le troisième pilier de l'édifice nietzschéen suppose cette évidence : la philosophie se pratique autrement qu'en dilettante, en esthète, en danseur mondain, car elle est une question de vie et de mort - elle permet de survivre et de ne pas mourir sous le poids d'un réel insupportable. La sensibilité du philosophe coïncide avec celle de l'écorché. Sa protection contre les assauts du monde appelle une pratique de la réflexion, un tissage entre le réel et l'imaginaire, ses propres désirs et la réalité, le monde et la représentation qu'on s'en fait. La vie philosophique se bat contre la mort et l'entropie." (Michel Onfray)

  36. Olivier Lafay a écrit:

    Peux-tu raccrocher cette citation à ce qui précède?
    Est-ce que la philosophie peut seulement se résumer à une lutte contre la peur?
  37. Raphaël Arditti a écrit:

    Pour toi et pour Michel Onfray elle ne s'y résume pas en tous cas. Sa fonction ne doit pas seulement être négative (l'absence de troubles), elle doit aussi permettre la sculpture de soi : la conception et la réalisation d'un projet d'existence original dans un environnement donné.
    Les savoirs qu'elle constitue doivent conférer suffisamment de pouvoir à celui qui se les approprie, pour que celui-ci soit en mesure d'orienter le cours de son existence dans la direction souhaitée.

    Se pose alors la question de savoir comment transmettre ce pouvoir aux gens auxquels on s'adresse. Faut-il leur bourrer le crâne avec des concepts philosophiques avant d'espérer un quelconque changement dans leur existence, ou bien ne vaut-il mieux pas les inviter à nourrir leurs lectures de leur expérience personnelle et leur vie quotidienne de leurs lectures, dans un perpétuel va-et-vient jusqu'au saltus perceptuel ?

  38. Olivier Lafay a écrit:

    Dans mon cas, c'est l'expérience via la Méthode, qui est le déclencheur. L'individu qui constate que les idées rapidement émises ici fonctionnent sur son corps et sa santé, sera tenté de les appliquer ailleurs.
    L'erreur serait de se nourrir uniquement des développement conceptuels du blog, sans agir méthodiquement. Soit l'imprégnation jusqu'au changement concret serait très longue, soit elle serait inopérante.

Express Yourself!