ATHLETES

jeudi 18 janvier 2007 à 22:54




Se muscler? Pour quoi faire?

Pour certains, il s'agira de se décomplexer. Pour d'autres, de répondre à un idéal social véhiculant l'idée de séduction, de pouvoir sexuel. L'on avoue également son besoin d'être plus fort, plus massif afin d'impressionner d'éventuels agresseurs, ou tout simplement de prendre plus aisément l'ascendant lors de toute confrontation, même si l'on est en tort... Même chez les sportifs officiellement désireux de se muscler pour leur sport, on retrouve généralement les impérieuses nécessités de la séduction, du culte de la force.

Notre société médiatique nous abreuve d'images. Autant de modèles potentiels, autant de types d'entraînements possibles, autant de raisons de se fourvoyer, noyés dans l'incompréhension des buts et moyens de la modification corporelle.

Il suffit qu'une image nous marque, qu'un homme semble représenter, sous les feux des projecteurs, l'idéal que nous devons incarner (au sens littéral pour certains qui voudront ressembler absolument, au détail près, à leur idole) pour que nous perdions tout recul critique et sombrions rapidement, hypnotisés par les sirènes des marchands de rêves. Nous copierons alors, à la ligne près, l'entraînement de la star (qui est rarement celui que nous décrivent les médias), consommerons comme lui dit le faire et, frustrés de notre impossibilité à être lui, nous nous éloignerons de plus en plus de nous-mêmes, rendus esclaves d'un système s'appuyant sur notre ignorance et notre naïveté pour nous enlever tout recul critique.

La question des modèles, de notre façon de les appréhender, de notre indépendance vis à vis d'eux est fondamentale. Ces modèles influent non seulement sur notre comportement de consommateurs, mais ils déterminent notre orientation en terme d'entraînement athlétique, conditionnant des choix qui peuvent entraîner des frustrations par manque de résultats, par blessures répétitives, par incapacité sportive, par l'impossibilité à devenir l'autre, la star.

Depuis cinquante ans, le culturisme, prolongement de la culture physique (recouvrant l'idée de culture de soi, d'épanouissement physique intégral) est devenu le bodybuilding ( construction du corps comme d'un bâtiment, une matière inerte à sculpter). Le corps est alors un objet extérieur à soi, il n'est plus nous, nous ne sommes plus lui, mais il est "à nous" (nous ne sommes plus lui, nous le possédons). Malgré la recherche de pensées alternatives, d'origine orientale, la dualité cartésienne conditionne toujours nos points de vue; et sa domination est, naturellement, quasi absolue dans un domaine la sollicitant autant que la musculation (ainsi que tout rapport de transformation corporelle).

Du regard du bodybuilding sur le corps, de l'esprit qu'il véhicule, dérivent tous les modèles esthétiques proposés à notre admiration. Seul l'aspect extérieur, l'apparence donc, compte. La vision qu'a le grand public de la musculation, qu'il soit ou non pratiquant, peut se résumer ainsi : pour ressembler aux stars du petit et du grand écran (des médias en général), il s'agit de plaquer du muscle sur son corps, comme s'il s'agissait d'un objet. En l'occurrence, il s'agit de plaquer de la viande sur de la viande. Nous sommes de la viande pensante...

Notre projet n'est pas de critiquer ou de rabaisser le bodybuilding qui a ses adeptes et ses passionnés et qui, dans sa dimension sportive vaut n'importe quel autre sport. Il n'est ni plus stupide, ni plus vain que les autres activités humaines. Il propose à notre curiosité esthétique des êtres parfois fabuleux, comme issus de légendes, de mythes. Le bodybuilding est à la fois un sport et un art visuel et son existence est légitimée par le plaisir qu'il peut procurer à certains sans constituer un danger pour les autres, qu'ils soient indifférents à son existence ou détracteurs.

Il s'agit plutôt de s'attarder sur la dimension sociologique du bodybuilding et de ses conséquences psychologiques et sanitaires, du moment qu'il s'est imposé, comme cela a déjà été dit, comme la seule pratique de musculation à visée esthétique, la référence.

Comment faire du gros muscle? Quand cette question reçoit des réponses qui évacuent tout autre considération que le volume, notamment la santé et la condition physique, on est en droit de se demander si, à part pour une minorité de bodybuilders parfaitement conscients de leurs choix et des implications qu'ils recouvrent, la majorité des pratiquants ne se fourvoie pas au quotidien, avec des entraînements ne lui convenant pas.
Même les sportifs recherchant la performance ne peuvent échapper aux diktats sociaux, aux modèles représentant la séduction; et nombre d'entre eux entretiennent une relation ambigüe avec le bodybuilding, que l'on associe spontanément à ces modèles physiques médiatisés. Et leurs entraînements en viennent parfois à mélanger la recherche de la performance au détriment de l'esthétique, officiellement... mais en s'attachant officieusement aux proportions du physique. Et untel, sportif avant tout, sera fier de ses gros bras qu'ils entraîne (en douce) pour qu'ils soient gros, bien que cela ne soit pas nécessaire dans son sport, tout en se déclarant, bien entendu, hostile au bodybuilding.

De même, combien de bodybuilders se revendiquant naturels, crachant sur le dopage avec véhémence, parsèment leurs chambres de posters d'athlètes dopés ou se procurent avec grand plaisir les revues les mettant au premier plan?

Confusions et incohérences...

Ces considérations déterminent une volonté d'élargir à nouveau le champ de la transformation corporelle, tel qu'il a pu l'être autrefois, en réhabilitant l'expression « culture physique ». Non pas, il faut le répéter, pour créer une opposition frontale entre cette expression du travail musculaire et le bodybuilding comme activité à visée essentiellement plastique, mais pour tenter de redéfinir l'activité de transformation corporelle, en introduisant des variables lui donnant un nouveau souffle par la mise en valeur d'autres orientations, d'autres types de pratiques.
La culture physique moderne serait alors moins axée sur l'apparence que sur une parfaite adéquation entre condition physique et esthétique. Je n'habite pas un corps-objet, mais je suis ce corps, je suis un être-corps.

Etre un pratiquant de culture physique, un athlète du quotidien, voilà ce qui devient important. Le volume et les proportions ne sont pas rejetés ou négligés mais deviennent des modalités de même valeur que la souplesse, l'endurance, la résistance. Il s'agit de la recherche d'un dynamisme « pour soi », qui n'est pas nécessairement orienté vers la pratique sportive, mais fondamentalement orienté vers la recherche d'une énergie à tout moment disponible, un bien-être, une joie de vivre. Ce nouveau cadre n'évacue aucunement la possibilité de rechercher et d'obtenir un gros volume musculaire. Celui-ci ne passe cependant plus avant l'acquisition de qualités athlétiques, moins visuelles, mais jugées prioritaires.

L'ambition de cet article, comme de mes nombreuses interventions sur internet à ce sujet, est d'amener chaque lecteur à reconsidérer sa pratique, son rapport aux modèles et, donc, sa vision du monde. L'utilité d'augmenter les références du pratiquant, qu'il soulève ou non des haltères, en les traitant de manière égalitaire, me paraît indiscutable. Vous gagnerez en autonomie et découvrirez plus aisément ce qui vous convient le mieux si d'autres conceptions de l'entraînement athlétique sont amenées à votre conscience par le biais conjoint du texte et de l'image.

N'oubliez plus ces mots : « culture physique ».
Posté dans Philosophie
Olivier Lafay

VOS BRAS

lundi 8 janvier 2007 à 21:07
J'ai décidé d'ouvrir ce blog en vous offrant une nouvelle stratégie pour le développement de vos bras, qui pourra également servir de technique anti-stagnation.

Mais, avant tout, je dois vous présenter ce blog, sans oublier de remercier spondyleux, sans qui il n'aurait pu exister. L'esthétique de ce blog, c'est lui (si vous le trouvez moche, vous savez qui contacter...). Spondyleux m'a donné les outils nécessaires à l'ouverture et à la gestion de cet espace où vous allez pouvoir venir vous recueillir régulièrement (n'oubliez pas de quitter vos chaussures et de vous laver les dents avant de vous connecter). L'endroit est sacré et ne peut être investi qu'à genoux, tête baissée. Pas trop néanmoins, sinon vous ne pourrez plus lire ma prose.

J'en vois déjà qui se rebiffent, trépignant d'impatience en attendant ce que vais bien pouvoir leur dire sur LEURS bras. Certains ont d'ailleurs sûrement sauté ce passage, ou lu en diagonale, à la recherche du Saint Graal. Et si je les avais trompé? Et si cette accroche sur les bras n'était qu'un piège pour inciter mes lecteurs à engloutir de force mes propos indigestes? Mystère...

L'objet de ce blog : mettre en valeur des éléments noyés sur les forums, écrits de ma main ou par des interlocuteurs m'ayant marqué par la justesse de leur analyse et ... publier des photos significatives, évidemment. Vous y découvrirez aussi de nouvelles stratégies (inédites) et des informations (inédites aussi) vous permettant de mieux appréhender l'univers de la musculation, et donc votre propre entraînement. Ces derniers éléments pourront être repris sur les forums, mais leur mise en valeur, en évidence, sur ce blog leur donnera un relief unique.

Mais ce blog contiendra plus encore : des éléments que je ne pourrais publier sur les forums, comme des réflexions à caractère psychologiques ou philosophiques, des compte-rendus de lecture, des oeuvres d'art en rapport avec la musculation (ou pas), des anecdotes amusantes, etc.

Les présentations étant faites, passons à ce que ceux qui ne se sont pas encore endormis appelleront : « les choses sérieuses ». Une stratégie nouvelle pour vos bras, utile à tous.

Serait-il possible que vous travailliez trop vos bras?

Dans un premier temps, cette stratégie sera certainement adoptée par ceux qui ont du mal à faire grossir leurs bras. Mais elle sera bénéfique à tous, en permettant de tester les capacités de récupération des bras, en vous aidant donc à mieux vous connaître et à adapter l'entraînement au plus près de vos besoins ainsi que de vos capacités.

Le bonus : une technique anti-stagnation globale puisque le manque de récupération des triceps peut être la cause de difficultés à progresser sur les exercices qui dépendent de leur force et de leur résistance. En épargnant vos triceps, peut-être bien que vos progrès aux différents exercices de pompes (dont les dips) feront un bond en avant, ou au moins que la stagnation se débloquera aisément.

Cette stratégie s'applique directement aux niveaux 2 à 7. Vous pouvez choisir de ne l'utiliser que lors de la boucle. Ainsi, lors du premier passage, vous pourrez étudier votre rythme de progression, le rapport de développement entre votre buste et vos bras. Lors du second passage (boucle), vous disposerez d'une référence si vous adoptez la stratégie décrite ci-dessous.

Comment procéder?
1 - Cessez l'entraînement de vos triceps ( K2) pendant deux semaines. Observez les réactions de vos bras pendant ce temps. Notez vos progrès aux exercices de pompes (dont les dips).
2 – Recommencez, après ces deux semaines, l'entraînement des bras comme suit : une seule séance par semaine située juste avant vos deux jours de repos. Par exemple, si vous vous entraînez le lundi, le mercredi et le vendredi, faites la séance de bras le vendredi seulement. Vous aurez le samedi et le dimanche pour récupérer. Faites trois séries de K2 (ou K2 spécial, suivant votre force) en alternance avec trois séries de C1 (mains rapprochées sur la barre, la distance devant être nettement inférieure à la largeur des épaules). Si vous faites plus de 25 répétitions à la première série de C1, remplacez C1 par C3, avec toujours un écart entre vos mains inférieur à la largeur de vos épaules. Soit : une série de K2, 25 secondes de repos, une série de C1, 25 secondes de repos, une série de K2, 25 secondes de repos, une série de C1, etc. Trois séries de chaque en tout. Vous devez vous rapprocher de l'échec à la première série de chaque exercice, aller à l'échec mais sans trop forcer sur la deuxième série, aller à l'échec ultime sur la troisième série.

Vous pouvez considérer cette stratégie comme une technique pour vos bras. Dans ce cas, votre attention sera exclusivement tournée vers vos bras.

Vous pouvez considérer cette stratégie comme une technique anti-stagnation globale. Dans ce cas, vous retiendrez comme critère significatif davantage l'évolution générale de vos performances plutôt que l'évolution seule de vos bras.

Si cette statégie fonctionne à tous niveaux, peut-être qu'il sera pour vous désormais inutile d'entraîner plus d'une fois vos bras chaque semaine.
Mais vous pouvez aussi expérimenter et tenter de réintroduire une deuxième séance de bras dans la semaine après quelques temps. Dans ce cas, il faudra éviter de trop forcer à chaque séance car, si l'on peut forcer lorsque l'on entraîne un muscle une seule fois par semaine, il faut diminuer l'intensité des séances lorsque la fréquence pour ce muscle augmente.
Vous pourrez bien entendu revenir à trois séances hebdomadaires. Mais si vous voulez étudier sérieusement les réactions de votre corps, procédez par étapes, progressivement.

A noter : que ce soit pour une séance, deux séances ou trois séances de bras par semaine, vous ne devrez faire qu'une seule séance de C1 (ou C3) avec écart entre les mains réduit. Vous pourrez donc continuer à forcer pour C1 (ou C3) qui a pour objectif de stimuler le développement de vos biceps.

N'hésitez pas à me confier vos impressions.
Posté dans Musculation
Olivier Lafay