Petit avant-goût du prochain article (2)

dimanche 7 octobre 2012 à 19:46

Nota : ce texte n'est qu'un fragment d'un texte plus long à paraître bientôt sur le blog. Ces fragments que je donne régulièrement ici ne suivent pas nécessairement l'ordre du texte originel. Ils sont destinés à vous donner un "petit avant-goût" des thèmes abordés dans l'article complet, et à poser la réflexion à venir, en autorisant déjà discussions et débats.





Lorsqu'il s'agit de théoriser l'acceptation de la souffrance, nous le faisons tout naturellement, en nous appuyant sur le stock culturel à notre disposition. Nous nous racontons une histoire, faite de l'association de divers éléments culturels, puisés dans notre univers privé ou lors de rencontres (école, tv, sport, cinéma, politique, arts, romans de SF ou de fantasy, essais, littérature).

L'histoire dominante de notre société, celle que la plupart des gens se racontent, ressemble à peu près à cela :
L'accès à l'information, pour tous, a rendu le monde petit, transparent, et a mis en relief son absurdité. Si autrefois, l'individu devait traverser une « vallée de larmes » (psaume 84) avant de pouvoir entrer dans la maison de Dieu, il n'est plus certain que cette traversée mène à la vie éternelle. Désemparé face à la mort de Dieu (Nietzsche), l'individu se révolte contre sa mortelle condition (Camus), et décide de lutter, en repoussant toujours les limites, en s'inventant un sens, au travers du dépassement constant de soi, pour accéder au surhomme. Il imite le christ, se sacrifiant pour accéder à un au-delà de lui-même. En s'imposant la douleur, en s'imposant de multiples épreuves desquelles il espère au final triompher (épopée), il échappe ainsi à l'ordre naturel de la soumission au monde, et récolte comme prix suprême le sentiment de maîtriser sa vie. C'est lui qui décide...
Mais les impondérables, le chaos qui règne sous les formes stables, l'affaiblissement programmé et visible de toute forme de vie, lui font conjointement ressentir qu'il est le jouet de forces qui le dépassent (tragédie). La fin de l'aspirant surhomme sera tragique, lorsque ce héros auto-désigné perdra la vie dans un dernier combat inégal, n'ayant pu repousser assez loin les limites, transmettant alors le flambeau aux suivants, la tâche de poursuivre la mission de l'homme révolté.

Les croyants sont épargnés par une partie des angoisses de l'homme occidental contemporain, mais ils n'en sont pas moins, pour la plupart, soumis à cette nécessité d'adaptation permanente et en recherche d'une réalisation héroïque de soi.

C'est dans cette histoire, plus ou moins bien affinée, référencée et racontée selon les personnes, que s'enracine une théorisation de l'acceptation sous forme de devise : no pain no gain. Cette formule, couramment usitée en musculation, synthétise en quelques mots deux conceptions de notre rapport à la souffrance. Dans la première conception, la souffrance accompagne inévitablement le progrès (GAIN with PAIN). Dans la seconde, la douleur précède le progrès (PAIN puis GAIN).

Posté dans Philosophie
Olivier Lafay

Commentaires

  1. Je trouve ça juste et intéressant mais en quoi la méthode inflige t-elle moins de douleur? N'invite t-elle pas également a se dépasser en faisant un maximum de répétitions lors d'une série ?Cet objectif n'est-il pas lui même synonyme de douleur musculaire?

  2. - J'avais pensé à Jésus en relisant le 1er article ^^

    - Qui est l'auteur du dessin ?

    - Benjamin G : renseigne-toi sur les boucles ;-)

  3. il y a de la souffrance mais elle n'est plus l'objectif..il y a dans la méthode des moyens de contourner cela tout en continuant a évoluer...le but est d'évoluer pas de souffrir pour évoluer.pour moi c'est ca qui rend la méthode différente

  4. - Rods : il y a quelques jours j'ai cherche a savoir ce qu’était une " boucle" et j'ai compris que c’était le fait de régresser dans les niveaux pour , je crois, améliorer ses anciennes perf ( ou jauger les progrès). Je ne vois pas en quoi c'est une reponse, pardon.

    - Vic : je comprends ce que tu dis mais ca reste abstrait : ne cherche t on tjr pas a se depasser?

  5. parce que finalement, on evolue qu'en forçant, en cherchant a depasser ses limites, a faire plus que la fois d'avant. Enfin il me semble!

  6. Le muscle travail même dans des modes inférieurs. Il n'y a pas besoin de constamment se surpasser pour progresser.

  7. @Benjamin :

    De ce que je pense en avoir compris (j'essaie de me documenter et de lire un maximum d'articles du blog depuis quelques temps), ça va même plus loin que la boucle, ou la mini-boucle : Avec la "philosophie" de la méthode, l'épanouissement n'est pas que physique/musculaire, il en va aussi de ton bien-être psychologique. Un "échec" (des perfs en berne) est à relativiser différemment avec la méthode. Là où à la salle, je pense que le sportif moyen se contenterait de se dire "qu'il a échoué" et qu'il "faudra forcer plus la prochaine fois", la méthode offre des outils qui te permettent d'utiliser cet effort pour prendre du recul et revenir plus fort. Pendant cette phase de recul, au lieu de broyer du noir sur l'échec passé, le sportif peut se concentrer sur son quotidien, ses loisirs, et ne pas être obnubilé par la musculation...

    C'est comme ça que je le vois. J'ai fait un an de salle et je suis resté "bloqué" à un certain seuil au développer-couché... J'ai tout tenté à l'époque (ce qu'on m'a proposé) : entraînement pydamidale, séries longues, séries courtes et lourdes, etc etc, rien n'y a changé... Là j'appréhende beaucoup moins un blocage à la triade (disons les Dips pour en citer un), parce que je sais déjà comment je vais le gérer, et ce que ça va m'apporter...

    J'ignore si ça t'aide/répond à ta question/si t'en as quelque chose à faire, mais c'est tout ce que je trouve à te répondre ;).

  8. Olivier Lafay a écrit:

    Echange sur facebook, que je copie ici :

    Quentin Navarro : La méthode est sûrement moins traumatisante que la fonte mais en attendant après 2 ans de méthode et des gains uniquement en résistance, j'ai une belle hernie discale L5 S1 avec une belle sciatique...

    Olivier Lafay : C'est pour ça que j'écris de nombreux articles sur le no pain no gain et les moyens d'y échapper, pour éviter que des personnes comme toi utilisent la Méthode comme un outil parmi d'autres dans un processus d'auto-destruction, volontaire ou malgré eux (où ils ne progressent pas, ce qui va souvent ensemble).

    Quentin Navarro : Je ne suis pas convaincu et en aucun cas je ne cherche à me détruire en pratiquant la méthode.

    Olivier Lafay : Quels articles as-tu lu sur le blog au sujet du no pain no gain, de l'efficience et des moyens de contournement ?
    Réponse honnête, STP, car Je vérifierai ;-)
    Je pense que tu n'as même pas lu le dernier article et que tu ne commentes que ce qui est publié sur facebook. Dans le cas contraire, tu tiendrais compte dans ta réponse du début du texte (et du "petit avant-goût" publié vendredi).

    Quentin Navarro : Aucun... mais cela ne m'empêche pas de dire que je ne suis pas convaincu et qu'en pratiquant la méthode de manière assidue en respectant mon corp ainsi que les signaux que celui-ci m'envoyé...je suis déçu et blessé lourdement.

    Olivier Lafay : Tu n'es pas convaincu par ce que tu n'as pas lu?
    Je comprends que tu sois déçu, mais tes propos confirment ce que je disais auparavant (et ce que je dis dans ces articles).
    La Méthode, c'est Le tome 1 + le tome 2 + les articles du blog + mon suivi. Tu as évacué une bonne partie de ce qu'est la Méthode. Premier point.
    Il est certain que ce ne sont pas les exercices en eux-mêmes, ni les temps de repos, ni leur agencement qui peuvent causer une hernie, mais l'exécution des exercices, associés à un investissement physique excessif (et d'éventuelles prédispositions et/ou d'autres activités physiques et sportives).
    Si les pompes causaient des hernies par elle-même, il y aurait des millions de gens souffrant de cette pathologie après en avoir fait.
    Je suis désolé que tu sois blessé, mais il faut chercher à savoir, maintenant, ce qui fait que tu es victime d'un problème que d'autres ne connaissent pas.
  9. Au-delà de la Passion (avec un Grand P), le pratiquant de la Méthode imite aussi Jesus Christ : dans sa volonté d'affirmer sa virilité physique (dans une société qui se dévirilise), d'imposer son courage moral (face aux thuriféraires du no pain no gain), de faire preuve de Charité avec son corps (grâce à l'efficience) et de permettre plusieurs Résurrections successives à sa volonté (avec les boucles et mini-boucles).

    Oliver100 (rugbyman depuis 4 ans, pratiquant de la méthode depuis 1 mois)

  10. BreakTheFloor a écrit:

    Je ne voudrais pas faire mon grammar nazi, mais je suis très surpris de trouver ici cette expression immonde et horripilante qui s'est pernicieusement propagé dans la langue française ces derniers temps, alors qu'elle est tout ce qu'il y a de plus incorrecte : "au final" (ligne 14-15), n'est pas français, et pique vraiment les yeux et les oreilles ! Et en plus, il y a plein d'autres manières de dire la même chose.
    ( Quel commentaire constructif, n'est-ce pas ?)

  11. En lisant le passage "Il imite le Christ..." tout est enfin devenu plus clair pour moi. En effet, malgré la multiplication des "pain", lors de son procès Jésus n'a pas obtenu "gain" de cause.

  12. Olivier Lafay a écrit:

    Pas mal, Oliver100, pas mal :-)

    Afin de mieux saisir encore l'article, je vous recommande fortement de cliquer sur les liens :
    - la vallée de larmes;
    - mort de Dieu;
    - Camus;
    - imitation du Christ;
    - épopée;
    - tragédie.

    Vous passerez ainsi à des niveaux de profondeur bien plus importants.
  13. J'aimerais partager une petite reflexion:
    Souffrir pour être belle et " no pain no gain" semblent appartenir à la même dimension, (manequina et bodybuilding) celle ou l'apparence exterireur devient dieu. On devrait faire une étude socio-ethnologique des pratiquants de musculation et des mannequins. La beauté devient un objet de consommation imposé pour lequel l'individu sacrifie l'Essentiel. Il devient aliéné puis esclave malgré l'illusion de liberté qui l'anime. L'imbécile heureux (Alain), ne sait pas encore qu'il va mourir de sa propre folie.
    L'idée de la beauté dans le "no pain no gain"?
    Beauté et souffrance? Pourquoi?

  14. Salut tout le monde,

    Je pratique la méthode depuis 6 mois, je n'ai pas encore de carnet (enfin sur le forum).

    Mais.....Je ne comprends pas vraiment le lien entre le bouquin de la méthode et....les thèmes abordé ici :
    - Religion -avec les allusion à Jésus (c'est moi, ou à un moment j'ai cru qu'un des comm' comparait Olivier à Jésus ? :o ).

    - Philosophie - vu certain termes utilisé et la complexité de la reflexion.

    De plus, je ne comprends pas vraiment le post d'haunui qui parle que la "beauté devient un objet de consommation imposé pour lequel l'individu sacrifie l'Essentiel. Il devient aliéné puis esclave malgré l'illusion de liberté qui l'anime"

    Mais ne cherche t'on pas à avoir également cet objectif de beauté du corps en pratiquant la méthode ?
    Peut être que les moyens utilisés pour l'obtenir sont différents, mais le but est le même, non ?

    Vous parlez d'un certain "no pain no gain", mais personnellement, je n'ai jamais réussi à dépasser un mode 12, je suis arriver au niveau IV (après un bref passage au niveau V), j'ai rebouclé au niveau II...mais, rien....Est ce que j'ai atteint mes limites ? (je tourne à au moins 2880cal/jour).
    Et j'en ai bavé pour passer le mode 10 ...... vous avez parlez de "pain" ? (souffrance en anglais).

    Je ne vous comprends sur ce point, mais peut être saurez vous m'éclairez ?

  15. Je viens de regarder les liens de l'article, cependant, je n'ai pas vu de lien concernant "l'imitation" du Christ.

    Par contre, j'ai une remarque : Autant les liens concernant l'épopée, la tragédie, voir Camus, sont intéressant.(j'aime bien la civilisation grecque),autant pourquoi pas pour le texte de Nieztch, mais concernant la "vallée de larmes"......Vous êtes catholique pratiquant M.Lafay ? car nous renvoyer vers un site catholique....Quel rapport avec la méthode ????

    Désolé pour ce 2ème post si proche du 1er, mais vu la complexité de l'article, je ne peux pas réagir à tout en une seule fois.

  16. Juste en passant, sur la différence entre effort et douleur.

    Imaginons 2 artisans qui doivent enfoncer des clous. L'un est lafayen, l'autre est "no pain no gain".

    - le lafayen aura une réflexion téléologique (sur le but qu'il doit atteindre) et tentera d'atteindre son but en prenant le moindre risque. Ainsi, il prendra toutes les précautions nécessaires pour ne pas se taper les doigts. Il pourra enfoncer beaucoup de clous.

    - l'artisan no pain no gain intègre de fait dans sa démarche le fait qu'il peut s'écraser les doigts avec son marteau. Il procède sans précaution au martelage en prenant le risque de n'enfoncer qu'un clou en cas d'accident. Il aura de la chance s'il ne s'écrase pas les doigts.

    Tous les 2 auront fait un effort (celui d'enfoncer un clou). Mais tous les 2 auront une attitude différente vis à vis de la douleur.

    A noter que plus l'ouvrier lafayen montra dans les modes, moins il aura besoin de marteau pour enfoncer les clous (les risques vont en s'amenuisant, à mesure que le pratiquant prend de l'autonomie). Une simple pression du pouce suffisant.

  17. @Chocolat :

    Peu importe qu'Olivier Lafay soit ou ne soit pas catholique pratiquant, il illustre son texte en s'appuyant sur des sources. Comme il parle de l'Evangile, il renvoie le lecteur vers certains de ses exégètes.

    C'est pas plus compliqué que ça ...

    Et ça marchera aussi le jour où on parlera d'Hara krishna ...

  18. Si vous pensez que la méthode est difficile, qu'elle amène de la souffrance, que c'est usant psychologiquement et moralement, je vous invite à voir les choses autrement.
    Et si ce n'était pas la méthode qui amenait de la souffrance, de l'intensité poussée à son paroxysme à chaque séance, mais...vous-même?

    Ce que je veux dire, c'est qu'il n'appartient qu'au pratiquant de "se déchirer" à l'entraînement de manière systématique.
    On pourrait très bien à l'inverse,ne jamais forcer du tout. Rester à un nombre confortable de répétitions systématiquement, sans jamais forcer.

    Là, on pourra m'objecter que certes, ne jamais forcer évacue toute souffrance, mais ne fait pas progresser.

    Ensuite on se dit que si l'on ne progresse pas...c'est qu'on a pas forcé assez. Donc c'est qu'il faut forcer plus. Et le cercle vicieux est en place...

    Cela peut causer une souffrance morale (appréhension de la séance,grosse perte d'énergie à chaque fois) mais aussi physique (risque de blessures accru, on sacrifie son exécution au profit d'une répétition arrachée à tout prix...).

    Et cette souffrance qu'on s'inflige soi-même, loin de s'en détourner, on s'y enferme et on lui donne une légitimité en se persuadant qu'après tout il faut "faire des sacrifices".

    Et l'idée de progresser avec une majorité de séances faciles, avec une intensité moyenne la plupart du temps, sans douleur, n'est même plus concevable...

    Evidemment il ne s'agit pas de dire qu'on recherche la souffrance pour elle-même. Mais on lui donne une valeur. On a cherché d'abord à progresser, en conséquence on a souffert pour cela et cette souffrance a une grande valeur à nos yeux. Elle donne un aspect héroïque à notre quête du muscle. (se muscler allongé sans rien faire serait bien moins valorisant ahah)

    Et si on trouvait un juste milieu entre forcer toujours plus et..ne pas forcer assez?

    Et si on trouvait un juste milieu entre forcer tout le temps et ne jamais forcer?

    Et si on trouvait un juste milieu entre le fait de faire une séance pas assez intense et le fait de souffrir à l'entraînement?

  19. Olivier Lafay a écrit:

    La Méthode a été élaborée pour diriger l'efficience. Sa pratique sérieuse va éviter au pratiquant de se faire mal, physiquement et moralement (pour schématiser). Mais, néanmoins, il reste des voies pour la pratiquer en no pain no gain, et c'est bien pour cela que j'écris ces articles, en montrant que le no pain no gain est général, qu'il est une valeur dominante de notre société.


    Sinon, "Chocolat", le nouveau commentateur compulsif, est le nouveau pseudo de "Mure". Je l'ai validé pour voir ce qu'il allait nous offrir comme attitude avec ce nouveau pseudo. Je le bannis au bout de 3 commentaires, car il est vite revenu à ses délires habituels. Cette personne est une incarnation réussie du no pain no gain extrême (celui où ne subsiste que le masochisme) : il aime s'acharner pour perdre, se ridiculiser, se faire rejeter :-)
  20. Bonjour,

    j'aimerais poser quelques questions ; non pas sur le culte de la douleur qui règne dans notre société, mais sur son possible dépassement.
    Olivier nous invite pour cela à coopérer avec nous même, avec les autres et avec le monde. C'est le fameux "jeux à somme non nulle" des constructivistes, tel que nous le pratiquons en ce moment même sur le blog (coopération enseignant/élève et élève/élève).

    Néanmoins, ce blog constitue pour moi une exception, car bien souvent la coopération n'est pas possible, quand bien même les joueurs seraient pleins de bonne volonté.
    En effet, si l'on veut donner/apporter quelque chose à autrui, il est nécessaire d'être bien pourvu : on ne peut donner si l'on a les mains vides.
    Or, j'ai le sentiment que la misère est omniprésente : on la retrouve à tous les niveaux et même chez des gens qui devraient, en théorie, vivre dans l'opulence.

    Quelle attitude adopter vis-à-vis de cet état de fait ? L'individu n'est-il pas finalement livré à lui-même ? Et si oui, quelle place pour autrui ?

  21. Olivier Lafay a écrit:

    La misère psychologique ou la misère matérielle?
    Car la misère matérielle n'empêche pas d'être culturellement riche et d'entrer dans des jeux à somme non nulles, de coopérer. Le souci est que c'est la misère psychologique qui dresse des frontières. C'est le manque de savoirs sur soi, les autres et sur le principe même de la coopération qui est flagrant.
    D'ailleurs, si la coopération était possible suite à la possession par tous de "moyens culturels", il n'y aurait plus de misère matérielle.
    La première chose à faire est donc d'élever les autres quand on a pu soi-même s'élever, en montrant que la coopération est possible, et que d'autres valeurs font d'autres hommes.
  22. Je pensais surtout à la misère psychologique, oui.

    "La première chose à faire est donc d'élever les autres quand on a pu soi-même s'élever, en montrant que la coopération est possible, et que d'autres valeurs font d'autres hommes."

    Et comment t'es tu élevé ? Par tes propres forces ? Celui qui est richement doté culturellement s'est bien appuyé, à un moment ou à un autre, sur quelqu'un. Or, ce sont ces appuis qui manquent cruellement aujourd'hui, rendant la coopération impossible.

  23. Concombre masqué a écrit:

    Bout passionnant, la suite ! Et comme je n'aime pas souffrir je la veux de suite !!

  24. Concombre masqué a écrit:

    ps : j'aimerai savoir également qui est l'auteur de l'image qui accompagne ce post. Cette scène d'hystérie collective me fait penser à du William Blake mais cela ne doit pas être de lui... un peu petite la repro pour se faire une idée.

  25. Olivier Lafay a écrit:

    Ce sont des Sisyphes (une allégorie de notre société).
  26. Jean-Christophe a écrit:

    Salut

    Je vais citer Shiver : "Et l'idée de progresser avec une majorité de séances faciles, avec une intensité moyenne la plupart du temps, sans douleur, n'est même plus concevable..."

    Je me retrouve malheureusement dans ces propos. J'ai moi même encore du mal à concevoir qu'un entrainement "facile" puisse amener de la progression. Je ne suis pas contre les séances à 70%, loin de là, mais si je fais une séance sans forcer du tout, alors je me dis toujours "j'ai encore la pêche, ai je seulement travaillé ?".Il m'arrive encore de penser que la douleur est synonyme d'un bon entrainement, mais j'essaye vraiment de me détacher de cette pensée. Modifier sa façon de penser n'est pas chose aisée, heureusement qu'il y a le blog pour ça, mais ça prend tout de même du temps ^^

    J'ai bien hâte de lire le prochain article en tout cas :)

  27. À jean-christophe,

    Oui le blog est bien utile pour ça :-)
    Ne pas trop forcer, pour moi, c'est faire en sorte de ne pas s'épuiser, ne pas avoir son énergie à plat!
    La développer, la faire murir tranquilement ^^, puis quand t'es gonflé à bloc, tu donnes tout! Mais de façon contrôlée, canalisée.

    Le blog permet de prendre conscience que notre énergie doit être cultivée puis dissipée intelligemment au bon moment. Et il nous donne aussi des outils plus techniques pour y arriver.

    Enfin c'est juste ce que je pense ;-)

  28. Jean-Christophe>Moi aussi j'ai eu beaucoup de mal à me détacher de toujours forcer. Avant je faisais de l'athlétisme, notamment des séances de côtes où on finissait la séance par terre, en vomissant, et quand je suis passé à la méthode, je trouvais ça logique de finir par terre après les squats une jambe...

    C'est TRES difficile de lâcher prise tant on est conditionné pour associer "progrès" à "douleur". Mais quand on stagne de cette manière, ou que c'est très lent, et qu'on voit sur le blog l'apologie de la boucle et de la douceur, ou on continue sans rien changer et on se plaint, ou on tente l'expérience...

    Surtout qu'on imagine rapidement: "évacuer la douleur= ne plus forcer".

    Alors qu'il s'agit en fait:

    -de s'économiser, de se ressourcer par moments (mini-boucle)
    -mais aussi de forcer mais de forcer au bon moment (=devenir un "stratège de son développement)

    C'est finalement assez subtil et quand on maîtrise l'usage des techniques anti-stagnation, qu'on a appris quand forcer (et non pas en faisant 3 séances à 100% chaque semaine pendant six mois), quand ne pas forcer, on arrive à passer les obstacles de manière facile.

    Le but étant de:

    -éviter les affrontements inutiles avec la stagnation ("je stagne, donc je force plus, et si je ne progresse pas, c'est que je ne force pas assez": on oublie)

    -réduire autant que possible les périodes "d'affrontement" qu'on ne peut pas éviter, et que ces périodes n'aient lieu que lorsqu'on a mis toutes les chances de son côté pour réussir. (il ne s'agit pas de passer l'obstacle après avoir dépensé son énergie sans compter...)



  29. Olivier Lafay a écrit:

    Carlo, on ne s'élève jamais par ses propres forces.
    Ce sont les rencontres (de chair ou de papier) qui font qu'on peut s'élever, comprendre et partager. Le plus dur n'étant pas de comprendre, à mon sens, mais de parvenir à partager (de trouver la bonne façon de transmettre pour que ce soit intégré par d'autres). Pratiquer le discernement, puis le conditionner pour que d'autres puissent l'expérimenter.
  30. Stéphane Simon a écrit:

    Article très intéressant. Le débat pourrait être très élargi et toucher à notre rapport individuel au sport en général et dans ce que nous recherchons à le pratiquer, mais aussi dans des domaines qui s'éloignent de la pratique sportive. "No pain, no gain" pour la musculation, "souffrir pour être belle" (lu dans les commentaires à l'article) pour le mannequinat mais encore "à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" dans le domaine de la guerre. Le but parfois poursuivi étant moins l'efficience que le dépassement de soi. Ce que chacun peut faire facilement est rendu moins intéressant face à un résultat acquis aux prix de difficultés et souffrances, résultat qui ne sera donc pas donné à tout le monde. Se sentir "spécial", "hors norme", le défis (de sa condition) est parfois une recherche du sportif. Certains veulent grimper toujours plus haut là où il n'y a plus d'oxygène et les orteils qui gèlent, d'autres descendent toujours plus bas au risque de syncope et noyade, d'autres encore soulèvent toujours plus de fonte au risque de blessures. Il ne s'agit pas pour moi ici de condamner ces penchants de l'homme à vouloir se dépasser, j'ai moi-même un rapport au sport légèrement masochiste (dans la pratique de la plongée, de l'apnée et musculation autant dans sa forme tradi que méthode Lafay), et ça me regarde :-) Mais je comprends mieux la rivalité qui peut exister entre lafayens et traditionnels de la fonte : A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Le Lafayen prétend obtenir en moindres efforts ce que le traditionnel de la fonte gagnera au prix de souffrances, par là le Lafayen ôte toute "gloire" à sa pratique et transformation corporelle (mais ce n'est peut-être pas sa quête). Mais, obtenant ce résultat identique, la "gloire" du traditionnel de la fonte se transforme en simple vanité...

  31. Paulo Auditore a écrit:

    Ce qui me vient à l'esprit dans tout ça c'est aussi le rapport avec la liberté.

    Le No Pain No Gain évite d'user de sa liberté, de faire preuve de créativité dans son entraînement. Pas d'autonomie, juste en faire d'avantage.

    La méthode Lafay cherche, elle, à développer cette autonomie en limitant l'angoisse (échec ? Inconnu ? ) en proposant plusieurs alternatives.

    Le lafayen tue le "Dieu" du No Pain No Gain, il se révolte en adoptant une autre voie.

    En ce qui me concerne mon expérience est celle-ci : j'aimerais lutter contre la stagnation mais en réalité je persévère dans mes difficultés en répétant les mêmes erreurs.

    Résultat : en 6 ans de méthode je n'ai pas dépassé un simple mode 11 au niveau 4. J'ai cherché des solutions mais je me suis auto-limité par peur de l'échec.

  32. Paulo Auditore a écrit:

    D'ailleurs cette répétition dans l'echec est absurde, d'où le côté Sisyphien de la chose.

    La créativité est un bienfait, que cela soit en matière de sport mais aussi dans les domaines "innatendus" comme la religion. Il faut simplement rester humble face à soi et certains enseignements.

  33. La vache ! pas plus d'un mode 11 au niveau IV....en 6ans ?! ....

    et tu persévère toujours ?! ...mdrrrr

    C'est CA le No pain no gain, made in lafay :DDDDD

  34. Et l'efficience made in vivi c'est passer pour un con en 10 secondes

  35. Je ne suis pas certain d'avoir pigé :-)

    Si je reformule, cela signifierait que les gens sont porteurs d'un savoir, mais qu'ils ne maîtrisent pas suffisamment la communication pour pouvoir le transmettre ?

    Pourtant, tu affirmes également ceci :
    "C'est le manque de savoirs sur soi, les autres et sur le principe même de la coopération qui est flagrant."

    Il n'y a donc pas seulement ignorance quant à la manière de transmettre ; il y a également, de manière générale, des carences énormes en sciences humaines, non ?

    Et si l'on est carencé, alors on ne peut pas donner/coopérer...

  36. Concombre masqué alias Juju Commando (oui je fais le Mure) a écrit:

    Houlala ha ben fausse lecture totale de l'image héhé ! Je connaissais la légende mais je n'avais jamais retenu le nom et je n'ai pas fait le lien entre le rocher et les sacs (hoooo) !! Merci (je pense le retenir cette fois ;-). En fait on peut lire cette image comme des Sisyphes ou peut-être aussi comme un Sisyphe avec la décomposition du mouvement en répétant plusieurs fois dans la même image le personnage. La (re)-présentation simultanée des diifférents moments accentue il me semble le sentiment d'invariabilité, de fatalité de la légende, en créant un "espace clos" ou du moins qui n'appelle pas forcément une autre image comme dans une narration plus conventionnelle.

  37. Condottiere a écrit:

    Bonjour M.Lafay,

    J’ai 2 questions philosophiques :

    Il me semble que dire que pour atteindre le stade de surhomme, l’homme est amené à imiter le Christ par le sacrifice est inconcevable d’un point de vue nietzschéen qui se veut en rupture totale avec la morale chrétienne, car celle-ci exalte la souffrance dans ce monde avant d’être récompensé dans l’au-delà tandis que Nietzsche encense la vie sur Terre dont il convient de profiter en plaçant le corps sur un piédestal. Je ne comprends pas ce point là dans votre « histoire » à moins qu’effectivement cette version soit celle qui théorise le « no pain no gain », contre laquelle nous luttons donc sur ce blog. Est-ce bien cela ?

    Par ailleurs, je sais que vous avez une formation philosophique alors peut-être pourrez-vous m’éclairer sur cette question que je me pose : Nietzsche parvient-il finalement à dépasser le nihilisme ? Pour dépasser l’ornière qu’est le nihilisme, l’homme doit-il « s’inventer un sens, au travers du dépassement de soi » comme vous dites, c’est-à-dire que le sujet crée lui-même ses propres valeurs et le monde n’a dès lors plus de valeur en soi ?
    Et si on décide de laisse Nietzsche de côté, comment a-t-on dépassé le nihilisme depuis l’alerte lancée par le philosophe moustachu, si toutefois on l’a dépassé ?

  38. Juste : est-ce qu'à la base cette conception "christique" n'est pas une façon de surmonter les douleurs qui existent déjà ? Leur donner du sens, y puiser la force de les surmonter, résoudre, dépasser ?

    C'est pas un parcours universel ? D'élévation ?

    ...ça s'oppose à la logique méthodique, efficiente ?

    (Je crois avoir bien compris que le No Pain No Gain faisait l'association et en déduisait la relation inverse : si la douleur peut faire naître son propre dépassement par "renversement dialectique", alors la douleur est le seul facteur de progrès).

  39. ce nnouvelle extrait m'a fait pensé a une scene du film missions avec robert de niro, c est un vendeur d esclave ou il tue son propre frere, et il le regrettre amerement, et entreprent une redemption en crapahutant dans la jungle pour se pardonner a lui meme et envers dieu en transportant une charge extremement lourde comme fardaux , soit il reussi soit il se tue


    www.youtube.com/watch?v=w...

  40. @stephane Simom : Il y a une différence entre l'idolâtrie de la douleur, le goût de l'effort et le goût de la difficulté...:)

  41. Olivier Lafay a écrit:

    Pourrais-tu argumenter, Haunui.o?
  42. Olivier Lafay a écrit:

    Condottière, je suis un peu déçu... de moi :-)
    Je pensais avoir clairement établi que cette histoire que l'individu se raconte est non pas une démonstration logique, mais bien plutôt un patchwork d'éléments captés dans notre fonds culturel et exprimés tour à tour, ou ensemble, de manière préférentielle. Ceci afin de théoriser l'acceptation de la souffrance, valeur contemporaine incontournable. Bien sûr, la plupart des gens n'ont pas approfondi Nietzsche, le Christianisme, l'épopée grecque, etc., ce qui peut donner le sentiment d'une incohérence relativement aux textes émanant de chaque courant culturel.
    Mais ce n'est pas cette cohérence là qui est recherchée. La cohérence doit être trouvée justement dans la théorisation de l'acceptation (souvent superficielle), qui permet de rendre plus supportable la tension liée à l'exigence contemporaine de dépassement constant de soi (culte de la performance). Autrement dit, ce qui compte, c'est de trouver des arguments pour "tenir" dans cette course incessante à la gagne.
    C'est pourquoi on peut entendre chez une même personne "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort" et "chacun porte sa croix", chaque phrase faisant référence à des univers culturels différents/opposés, mais inconsciemment (ou consciemment) revendiqués par le simple fait de les citer régulièrement. On peut entendre chez une même personne une référence régulière à une mystique du sacrifice (qui est judéo-chrétienne) conjointement à un discours sur la mort de Dieu, la relativité de toutes les valeurs, etc.
    Si tout est relatif, pourquoi se sacrifier pour accéder à un au-delà de soi-même (un idéal)?

    En ce qui concerne le nihilisme, je crains que cela ne nous emmène bien loin, ce qui sera gourmand en temps pour moi, car j'essaie autant que possible de rester dans le sujet qui est le mien, et qui demande déjà beaucoup de temps. En effet, c'est un sujet "parallèle" très intéressant, qui permettrait, en étant traité, d'aller encore plus loin, mais cela nécessiterait un article entier, de dizaines de pages, pour se permettre de penser avoir fait un tour suffisant pour avoir formé le lecteur.
    Il faut commencer par distinguer les trois définitions possibles de nihilisme, et voir, à chaque fois, en quoi nous avons pu les dépasser, ou ne pas les dépasser, ou rester en tension entre le dépassement et le non-dépassement. Cela nous conduit à faire référence à d'autres auteurs que Nietzsche, pour cadrer les différents sens de nihilisme.
    On peut dire qu'il existe un nihilisme par inversion des valeurs, selon Nietzsche, ce qu'est le christianisme. En postulant que le monde est mauvais et insensé, la religion construit de fausses valeurs qui met le bonheur au-delà du monde visible. C'est donc "nier" le vrai monde.
    Le nihilisme n°2 est celui qui, faisant le constat de la mort de dieu, considère que le monde est insensé, mais qu'aucune valeur n'est supérieure, tout se vaut donc. C'est un nihilisme de désespéré, qui rend le monde dangereux à vivre, où on ne peut compter sur rien ni personne.
    Le nihilisme n°3 est celui revendiqué par Nietzsche : une acceptation du monde dans son immanence, sans placement de valeurs en-dehors de l'homme et de la matière. C'est une pleine acceptation de la souffrance, de tout ce qui "vient".

    A-t-on dépassé le nihilisme?
    Ce qui est sûr, c'est que bien peu de gens ont atteint le nihilisme n°3.
    La tentative de dépassement des deux autres se retrouve dans les "religions de l'homme" (la politique, en général, le socialisme/communisme) et, de nos jours, dans la religion de la science et celle du fric. L'argent-roi est une valeur, la valeur suprême, le sens que beaucoup donnent à la vie. Mais le désespoir est bien réel, malgré ces tentatives. L'argent ne procure pas la paix intérieure. La science n'a pas encore procuré l'immortalité.
    Ce qui manque, c'est la "vulgarisation" de théorisations cohérentes (relativement aux enjeux actuels), qui rendent la vie agréable, compréhensible, saine, comme celles que l'on peut trouver, entre autres, dans le constructivisme ou dans des livres tels "l'homme symbiotique" de Rosnay. En dépassant l'individu (sans le nier, bien au contraire) pour le réinscrire dans le collectif, on peut peut-être bien dépasser le nihilisme.

    Je viens de faire long, alors que nous n'en sommes qu'au début d'une réflexion :-)
  43. encore :p

  44. Bonjour à tous, déjà merci pour cet article très intéressant. Mais j’aimerais revenir sur une expression souvent employer par Olivier : "fuir le no pain no gain". J'ai bien sur saisi le sens de cette idéologie, mais s'agit-il vraiment de le fuir ? La fuite est synonyme de recul, de renonciation... Celle-ci peut par exemple se révéler efficace (boucle et mini-boucle) mais ne serait t-il pas plus judicieux de se l'approprier de façon personnelle est réfléchie. Je parle ici de soumettre le "no pain no gain" à notre volonté et nos objectifs personnels plutôt que d'en être l'esclave aveuglée. La "fuite" en question peut alors être vue comme un recul, une remise en cause. Mais il s'agirait alors de "reculer pour mieux sauter". Le gain est présent (tant de fois démontré par les photos de pratiquants), mais le pain l'est aussi. La musculation classique les places sur le même niveau : plus de pain pour plus de gain. Mais il serait alors de réorienter le pain, de l'optimiser : un meilleur pain pour plus de gain. C'est là (ou du moins je le crois) qu'est le principe de l'efficience. Mais pourquoi fuir ? Pourquoi de pas affronter pour soumettre, utiliser un "no pain non gain" efficient est-il si inconcevable ?

  45. Olivier Lafay a écrit:

    Il y a eu malentendu, Carlo. Je voulais dire que ceux qui ont pu s'élever, et qui sont nécessairement rares, manquent généralement de la faculté à transmettre ce qu'ils sont compris/découvert.
    Autrement dit, pratiquer le discernement n'est pas suffisant pour qu'il soit transmis à d'autres. Vouloir le transmettre n'est pas suffisant. Savoir le conditionner pour le transmettre est impératif.
    Et l'on en revient à cet apprentissage nécessaire de la stratégie : dans notre cas, le packaging est aussi important que le produit (contenant/contenu). J'utilise des termes marketing pour que l'on visualise bien l'importance de la forme, et du moment où la forme doit apparaître pour rendre le contenu séduisant.
    Comment rendre la lecture de Watzlawick impérative, alors que beaucoup de gens déclarent n'avoir ni temps ni intérêt pour la lecture, encore moins la lecture d'"un ramassis de merdes socio-psychologiques", comme je l'ai encore lu hier sur facebook?
    Eh bien, il faut placer cette proposition de lecture à un moment de la relation où les gens décideront d'eux-mêmes que Watzlawick est incontournable s'il veulent évoluer. Ils auront donc ressenti ce besoin d'évoluer.
    Il ne faut pas vouloir sortir de force les gens de la caverne (Platon), ni leur faire un long discours censé les convaincre de sortir, mais les persuader par petites touches, en leur donnant des solutions à leurs problèmes (des solutions qui soient en lien avec l'extérieur de la caverne), en les amenant donc peu à peu à se diriger vers des ouvertures, aussi petites soient-elles.
  46. Olivier Lafay a écrit:

    KZ, en lisant le psaume 84, tu peux voir que la "vallée de larmes" n'est pas recherchée, mais c'est juste une façon de décrire la vie, le passage avant d'entrer dans la félicité éternelle. Mais à force de prendre la dureté de la vie comme un fait irréductible, on glisse jusqu'au point d'en faire un passage obligé. Et, dans le christianisme, l'imitation par le sacrifice de soi est bien recherche de la souffrance. Mais, le sens a été dévié : nous nous sacrifions au dieu que nous sommes pour nous, pour accéder à l'au-delà de nous-mêmes que nous désirons (notre paradis sur terre, gagné par la réalisation de soi).
    Je ne sais pas si j'ai bien répondu à ta question.
  47. JD>Je ne suis pas certain de t'avoir compris.

    Ne confonds-tu pas "douleur" et "effort" ?

    L'idée de l'Efficience, telle que je la comprends, est d'évacuer la douleur.

    La douleur physique: aller trop loin dans l'effort à chaque fois, faire passer la performance avant la santé, l'énergie énorme dépensée à chaque entraînement..

    Mais aussi la douleur psychologique qui découle de la première: appréhension psychologique de l'effort à venir, se "faire violence" pour continuer à forcer, pensées de plus en plus focalisées sur les séances...

    On évacue la douleur physique avec un mode d'entraînement qui prend en compte la santé du corps (ça ne s'arrête pas à prôner de bien faire les mouvements, ça c'est du bon sens), et avec des outils pratiques/conceptuels qui servent à évacuer la douleur psychologique.

    Exemple:

    -pour les cuisses on n'utilise pas de charges lourdes= je préserve mon corps

    Mais on peut rester dans le "no pain no gain" (ce qu'on fait à peu près tous quand on débute la méthode, il est évacué en partie par le fait de ne pas se ruiner le corps en portant de lourdes charges, mais il peut être présent par la façon dont la pratiquant..pratique) en forçant à chaque fois très fort et l'intensité des exercices provoque des nausées...

    Alors on se met à redouter les séances de cuisses, alors soit on se force, soit on espace, on abandonne...

    Si on devient efficient, on utilise les outils à notre disposition pour ne plus finir HS et se faire violence pour continuer sur cette voie douloureuse mais héroïque, ou abandonner...

    On mini-boucle régulièrement l'exercice de cuisses, on s'arrête de forcer avant d'être totalement cramé...

    C'est l'exact OPPOSE du "no pain no gain".

    Non? Ou t'ai-je mal compris?



  48. Merci d'avoir pris le temps de reformuler ta pensée Olivier :-)

    Je partage tout à fait ton analyse concernant la transmission des connaissances.
    Néanmoins, ça ne résout pas mon problème = le manque de points d'appui autour de nous

    "ceux qui ont pu s'élever, et qui sont nécessairement rares"

  49. Merci Shiver pour tes explications et tes exemples. En effet les séances des cuisses ne sont pas les plus faciles ;) Je pense que tu as correctement saisi mes propos : je me demandais (pour faire simple) si au lieu de redouter la douleur, on pouvait plutôt l'utiliser et en faire une alliée, mais ce de façon réfléchie. En gros un juste milieu entre le "no pain no gain" classique (+ de douleurs pour + de résultats) et l'absence totale de douleur.
    La différence entre douleur et effort est aussi très mince. Pour moi on sait qu'on effectue en effort (conséquent) en présence de douleurs (même minimale) ou je me trompe ?

  50. JD>Je suppose que lorsque tu dis "douleurs", tu parles des sensations musculaires et non pas de douleurs articulaires, nausées et autres sensations malsaines dues à l'excès...d'effort. (plus lourd, plus souvent, plus...de tout)

    Une fois que tu évacues les "mauvaises douleurs" (il n'y a pas de "bonnes douleurs" c'est antinomique) en apprenant à modifier l'intensité des séances au bon moment en fonction de sa fatigue, de son état d'esprit...de fait tu relativises ton rapport à l'entraînement.

    Ton esprit n'est plus parasité par les éventuelles petites douleurs qui survenaient en étant toujours à fond, il n'est plus parasité par la peur de l'échec à venir..

    Tu peux te concentrer sur tes sensations, sur tes muscles justement.

    Et là tu apprends (pour rester sur l'exemple des cuisses)à apprécier l'effort musculaire.
    Tu vas faire ta séance de cuisses, tu sais que tu vas chercher à progresser car tu es sur une séance à 100%, mais que tu pourras très bien t'arrêter avant d'être totalement mort.

    Et tu auras fait le CHOIX de forcer ou non. Ce n'est plus une obligation systématique.
    Si tu fais ce choix c'est que tu sais que tu as la capacité de forcer et d'en tirer plus de bénéfices que d'inconvénients. Car tu as mis en place une stratégie d'entraînement intelligente. Mini-boucle, double-boucle, ascension...

    Tu sais quand forcer, tu sais quand ne pas forcer...tu maîtrises totalement ton effort, ton investissement, sans te jeter à corps perdu dans l'entraînement sans penser à ce que cela va te coûter.

    Au final il n'y a plus de "douleurs". Une douleur c'est négatif.

    Il n'y a plus que les sensations musculaires, qui deviennent meilleures car l'esprit est libéré.

    Si je n'ai pas été clair dans ma réponse, n'hésite pas. Et si j'ai été clair mais que ça ne t'aide pas..dis le aussi. :D




  51. Condottiere a écrit:

    Bonjour M.Lafay,

    Je vous remercie pour votre réponse tout à la fois dense et synthétique. J'apprécie votre vision globale qui permet de mettre en relation de nombreux éléments culturels que j'ai personnellement encore du mal à associer.

    Après avoir relu votre article, je reconnais qu'il n'est pas le moins du monde ambigu, vous précisez bien en introduction la nature de l'histoire à venir. La première partie de mon message était donc superflue.

    En revanche je ne regrette vraiment pas de vous avoir interrogé sur le nihilisme, votre réponse clarifie davantage la notion pour moi et m'ouvre de nouveaux horizons.
    Je comprends bien que vous ne pouvez pas trop vous avancer dans votre réponse à la question du dépassement du nihilisme par souci de rigueur. Je vais essayer de trouver le temps pour découvrir le livre que vous évoquez - remarquez que je ne dis pas "si j'ai le temps", prétexte constamment invoqué de nos jours par les gens pour échapper à toute lecture un peu plus contraignante, qu'il s'agisse d'ouvrages scientifiques ou même de certains journaux (on se contente de lire Métro pour se donner bonne conscience mais pas plus, faut pas pousser hein) - et également mieux cerner le constructivisme par la lecture de votre blog.

  52. Merci Shiver pour ta réponse. Je saisi parfaitement ton point de vue :)

    Mais une dernière question : en effet quand j'évoque les "douleurs" je parle de douleurs musculaires (brûlure due a une effort prolongé). Tu dis qu'il n'y a pas de douleurs négatives, mais les sensations musculaires (positives) sont toujours présentes. Ces "sensations" sont pourtant associées à des "douleurs" même si elles se révèlent bénéfiques (à long terme) ?

    Malgré le choix du seuil de douleur que je "m'inflige", les limites que je me fixe volontairement, la douleur reste présente, résultant des sensations de la sollicitation musculaire. Pour moi les "bonnes douleurs" (au sens productives) peuvent exister puisque ce sont ces sensations que je choisi d'employer, à plus ou moins grande intensité, pour développer mon muscle. Au lieu de fuir toute douleur, il me semblerait juste de "trier" et d'utiliser certaines douleurs à certains moment stratégiques (principe des boucles, min-boucles...).

    Pour reprendre l'exemple des jambes, il faut bien qu'à un moment j'ai quand même forcé jusqu'à un certain point pour développer ces "douleurs" musculaires.

    Tu parles "d'esprit libéré", pour toi la douleur ne serait associer qu'à l'état d'esprit dans lequel on se trouve, la façon dont on voit les choses ? Tu différencie ainsi les "douleurs" (négatives et handicapantes) des "sensations" (positives et productives) si j'ai bien saisi ?

  53. Voilà.

    L'effort poussé au-delà du raisonnable produit plus de négatif que de positif.

    Toujours pour continuer sur l'exemple des cuisses: ce sont des muscles qui permettent de faire pas mal de pauses courtes. Et même "au bout", on peut forcer un long moment. Les cuisses récupèrent vite dès qu'on leur laisse un peu de répit.

    On est fatigué, l'essoufflement s'intensifie, les cuisses brûlent plus que de raison..on continue...on a envie de vomir...encore deux séries et après on fait F...on finit avec la tête qui tourne et on s'allonge...

    La souffrance psychologique est énorme que ce soit avant ou pendant l'effort. Car on se force à continuer parce qu'on a de la force et qu'on ne se limite pas..puisque le but est précisément de "repousser ses limites". Il faut y aller "au mental".

    Et quand on est dans cet état d'esprit où l'on force toujours plus, on fait abstraction des petites douleurs qui pourraient survenir. Une douleur au genou, une douleur aux lombaires...bah! Il faut forcer!

    On souffre mentalement et on soumet le corps comme s'il était un objet séparé de notre esprit...

    A l'inverse, si tu sais d'avance que tu peux t'arrêter quand tu le souhaites (!), forcer sans être dans le rouge à la fin...c'est un poids énorme qui s'envole.

    Il y a toujours la notion de difficulté et d'effort, mais comme l'intensité de l'effort est choisie, rationnée, on force jusque là où on veut s'arrêter.

    Si on veut s'arrêter à 50% de ses capacités parce qu'on est fatigué: pourquoi pas. Si on veut s'arrêter juste avant d'être dans le rouge..on peut aussi.

    Au final, il n'y a plus de raison de parler de douleur.

    Souffrance psychologique? Evacuée. On force si on s'en sent capable, et on s'arrête avant de se sentir mal.

    Souffrance physique? Inexistante. On ne chercher pas à arracher des répétitions au détriment de l'exécution, ni à aller jusqu'à être mal...et au-delà.

    Ce qu'il reste? De l'effort physique. Parfois facile, parfois difficile. Il ne reste plus que la notion d'effort et quand on force, sur un mouvement confortable, en sachant qu'on ne finira pas par terre, c'est quand même très agréable les sensations qu'on peut ressentir sur la fin d'une série de pompes...ou la congestion des cuisses après les bonds, sans avoir eu à vomir..

    Et le mot "douleur" n'a plus lieu d'être. Je pense qu'on se comprend mais que c'est l'emploi des termes que nous employons l'un et l'autre qui est différent.


  54. Ouais je comprends ton opinion, très intéressant. En effet je n'avais pas tout a fait la même vision de la "douleur" et de "l'effort". Mais ton explication est tout a fait véridique et hier pendant ma séance des jambes je n'ai pas forcé pareil : je n'ai pas "souffert" ;)


Express Yourself!