Introspection du dernier jour

lundi 31 décembre 2012 à 12:25

1 - "C'est le fait d'un ignorant d'accuser les autres de ses propres échecs; celui qui a commencé de s'instruire s'en accuse lui-même; celui qui est instruit n'en accuse ni autrui ni lui-même."
Epictète

La solution (ou le problème) n'est pas dans l'autre, ou en nous-mêmes, mais DANS LA RELATION (aux autres, au monde, à nous-mêmes).
Changeons la relation et nous changerons.


2 - Une question que chacun peut se poser, en cas de conflit ou de difficultés : "dans mon analyse, ai-je mis l'accent sur mes caractéristiques (mon "caractère") et celles de l'autre (ou du monde), ou ai-je mis l'accent sur la RELATION entre nous (entre les deux éléments)?"


3 – que se passe-t-il si, au lieu de penser «  il est comme ça, je suis comme ça >>> donc nous avons telle relation », nous inversons la mécanique de notre pensée pour dire : « nous avons telle relation >>> donc il est comme ça, je suis comme ça »?

En inversant la mécanique habituelle de notre pensée, on ne voit plus des individus/éléments (fixes) qui produisent une relation, mais une relation (modifiable) qui produit des individus/éléments (modifiables).
Nous sommes le produit de nos relations.


4 – que se passe-t-il si, au lieu de penser « je suis comme ça » ou « il est comme ça » ou » le monde est comme ça », nous pensons ceci : « « je fais ça », « l'autre fait ça », etc.?

Utiliser essentiellement le verbe « être », c'est figer des qualités et des défauts chez soi ou chez les autres, le monde, etc. Ce qui réduit grandement les possibilités d'évolution de la situation.
En utilisant le verbe « faire », on peut se pencher sur les actions et leur enchevêtrement, et on peut considérer les mouvements, les relations.
Et, en changeant une relation, on peut changer les termes de cette relation (les éléments, les individus).


5- en face de toute difficulté, une des premières questions à se poser est certainement : « quelles sont les règles du jeu? »
Quelles règles nous unissent, fondent notre relation (et l'entretiennent)?
Quel jeu jouons-nous avec soi-même, les autres, le monde?


6 – si on met l'accent sur la relation, les règles du jeu, et qu'on arrive à les extraire (prendre du recul) on peut alors tenter de se « déplacer » pour inaugurer une autre relation.
Ce « déplacement » change la relation, qui nous change en retour.


7 – tout ceci marche pour notre relation avec nous-mêmes, et donc pour notre relation avec notre corps. C'est dans la relation avec mon corps que se produit le changement.
Quelle relation ai-je avec mon corps quand je désire le muscler? Qu'est-ce que je fais, que fait-il, dans cette relation qu'est la musculation? Comment répond-il à mes actions? Comment ai-je tendance à répondre (invariablement) à ses réactions? Quelles sont les règles du jeu?
Efficience ou no pain no gain? Quelles relations? Pour quelles conséquences?


"Les individus construisent la réalité qu'invariablement, ensuite, ils subissent."
Paul Watzlawick

Posté dans Philosophie
Olivier Lafay

Commentaires

  1. Merci ! Sûrement l'article le plus "puissant" que j'ai lu sur votre blog depuis 4 ans que j'y viens. C'est ma première intervention, alors un d'indulgence ;-)
    Je suis d'accord avec tout ce que vous avez écrit. La relation est importante. Et je crois auss que, je vais peut-être dire une mièvrerie, que reconnaître l'autre comme étant moi, c'est voir en lui une fin et non plus un moyen. Ça amène forcément à considérer notre relation avec respect.
    Mais je ne suis pas naïf. La phrase de John Lennon : "on est tous Hitler, on est tous Jésus" décrit bien la nature humaine : capable du meilleur comme du pire.
    Voilà baptême passé :-)

  2. Encore une piqûre de rappel qui fait du bien. C'est drôle comme beaucoup de gens, y compris moi parfois, fonctionnent différemment. Il est pourtant clair que c'est une manière des plus constructives de voir les choses.
    Chaque jour il faut prendre ce recul, cette conscience de ce qui fait notre réalité, afin de la comprendre, de mieux la vivre, voire même de la changer.

  3. C'est ma première intervention, alors un peu d'indulgence (ou aucune, tant que c'est constructiviste comme remarque/reflexion =P).

    4."En inversant la mécanique habituelle de notre pensée [...] Nous sommes le produit de nos relations."

    C'est juste une question de point de vue, de référentiel donc? On peut voir la chose ainsi ou l'on pourrait voir les relations comme le résultat de ce que nous sommes tout en tenant compte de ce que sont les autres. En somme la Relation peut être vue comme un contrat entre plusieurs individus. Et nous agirons en fonction de ce contrat-relation.

    Un peu à la manière de l'oeuf et la poule, nous sommes le produit de nos relations qui sont le produit de ce que nous sommes.

    Ainsi, transposé à notre relation à la musculation, on doit imposer à notre corps ce que l'on a envie d'être tout en tenant compte de ce que notre corps est, ou pourrait être.

  4. Je ne sais pas si ça vous le fait à vous aussi, mais j'ai du mal a transposer cette philosophie à la relation que j'ai avec moi-même. Autant pour la relation à l'autre, ça me vient plus naturellement, les choses à faire me paraissent plus évidentes. J'ai du mal à prendre du recul et les fois où j'y arrive c'est un heureux hasard.
    La lecture d'auteurs constructivistes aide beaucoup. Mais aussitôt qu'une idée qu'une compréhension arrivent avec joie, elles repartent car je ne sais pas comment faire pour les transposer à mon cas.
    Comment prendre ce recul ô combien nécessaire et nous extraire de l'eau par nos propres mains ? ;-)

  5. Olivier Lafay a écrit:

    DarkSide07, ton intervention me paraît juste, sauf un mot : "imposer" :-)
    Pourquoi, selon toi (cf mes réponses à l'article "introspection du premier jour)?
    Note aussi que "ce que nous sommes" est une vision figée (une photographie à un moment donné) de ce que nous voyons de nous (et ce que l'on voit de nous) comme produit/producteur de relations. Avons-nous vraiment une "nature de personnalité"? Si l'on pense que non, on peut changer et et on peut changer nos relations.
    En évitant la confusion entre identité et personnalité, nous pouvons progresser, avoir un fond personnel, mais doté de souplesse adaptative.
  6. Olivier Lafay a écrit:

    Ismaël, lors d'un échec, au lieu de se blâmer (comme si la raison de l'échec était "dans notre nature"), on accuse le coup (exprimer ses émotions, sa déception), puis on se penche sur la relation, sur ce qui a posé problème dans la relation (en quoi la relation n'est pas fonctionnelle).
    Le reste de ma réponse se trouve dans les commentaires de l'autre article (introspection du premier jour).
  7. 1 - "C'est le fait d'un ignorant d'accuser les autres de ses propres échecs; celui qui a commencé de s'instruire s'en accuse lui-même; celui qui est instruit n'en accuse ni autrui ni lui-même." Epictète

    Se révolter et combattre autrui, ou se résigner et s'autodétruire.


    2 - Sinon, je repensais aux deux types de changement (en systémique). Il me semble que Paul Watzlawick avait pris l'exemple du rêve (cauchemar) pour l'expliquer. L'individu pouvait "fuir dans le rêve" : changement de type 1 ; ou se réveiller : changement de type 2. On pourrait très bien inverser le problème : "fuir dans la réalité" ou s'endormir.

    La question est que se passe-t-il lorsqu'on cherche à sortir de ce système (Rêve/Réalité).


    3 - Je ne sais pas si vous avez vu le film Inception mais il me semble, que d'une certaine manière, il (le film) aborde ce problème (sans vraiment apporter de solution). D'ailleurs, il y a aussi ce système de réalités (rêves) imbriquées les unes dans les autres. Cela rappelle un peu (dans la construction) l'apprentissage batesonien, les niveaux sémantiques de Watzlawick, et les niveaux logiques de Dilts.


    4 - Dans l'article "Petit avant-goût du prochain article (2)", vous parlez d'Albert Camus. Je n'ai pas lu son oeuvre mais je sais (d'après wikipédia) qu'il a écrit sur l'absurde, la révolte et la culpabilité (retour au premier point).


    Voilà, je n'ai pas grand chose d'autre à dire. Il s'agit juste (pour l'instant) d'un constat.

  8. Olivier Lafay a écrit:

    Pour le 1, on peut adopter une 3° voie :-)
    C'est en partie expliqué dans mon commentaire précédent (réponse à Ismaël).
  9. J'ai parler à un ami d'Albert Camus et il m'a expliqué sa façon de procédé (en cycle). Il m'a aussi dit que Camus aurait peut-être eu pour projet d'écrire un cycle sur l'amour. Je ne sais pas si c'est vrai, mais je trouve ça intéressant :-)

  10. "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se dégrade". C'est la théorie, l'engramme.

    "Aimer ce n'est pas se regarder l'un l'autre c'est regarder ensemble dans la même direction." Antoine de Saint-Exupéry

    Dans ma courte carrière, j'ai connu (pendant très peu de temps) un méthodiste sans jamais savoir à quoi correpondait se métier. Il y a peu de temps, j'ai voulu savoir en quoi consistait ce métier et je n'ai pas trouvé de réponse. Néanmoins, j'ai retrouvé sa trace sur Internet. Ce type avait une philosophie le Kaizen.

    La méthode Lafay est une innovation. C'est ce qui fait force et sa faiblesse. D'où la nécessité de faire preuve de pédagogie : éviter les grands changements, viser de petits problèmes, de petites améliorations (politique des petits pas).


Express Yourself!