La structure de la Méthode décortiquée par Wuxing

lundi 23 juillet 2012 à 08:21

Wuxing est un pratiquant expérimenté qui s'est posé de nombreuses questions sur le fonctionnement de la Méthode. Les réponses qu'il a apporté à ces questions sont souvent pertinentes et peuvent donc intéresser les autres pratiquants.
Ses analyses sont postées régulièrement sur son carnet, que vous pouvez suivre en cliquant ici

Ci-dessous, vous trouverez une de ces analyses, que j'ai décidé d'isoler et de publier sur le blog, afin d'apporter de l'eau au moulin de mes lecteurs.
Il est évident que toutes les clefs permettant de comprendre l'élaboration de la méthode ne sont pas présentes dans le texte que vous allez lire, mais l'on y trouvera des bases qui pourront être étoffées par la lecture des articles que je publie régulièrement sur le blog.

Notez que, si je souscris globalement à ce texte, j'émets néanmoins une réserve sur la conception qu'a ce pratiquant d'un "vrai entraînement au poids de corps". Pour moi, la vraie musculation au poids ce corps se trouve à chacun des niveaux. Le formule est donc selon moi à oublier, mais cela n'enlève rien à la qualité de cette analyse.



Le texte de Wuxing :

Mon approche sportive était basique. Pratiquant de techniques de combats et d’autres sports je cherchais l’efficacité. Chose atteinte mais au détriment de mon pauvre corps. Résultat, blessures et fractures ont jalonné mon parcours. Ma philosophie « encaisse et riposte » n’allait pas me mener bien loin avec des ménisques en moins et des membres fracturés.

Quand j’ai commencé la méthode en juin 2011, c’était par nécessité. Un problème de santé douloureux m’obligeait à rester chez moi et je ne pouvais pas me résoudre à ne plus faire de sport. Je décidai donc de me plonger dans la Méthode Lafay afin d’accompagner ma convalescence jusqu’à pouvoir faire quelque chose de plus intense. Du moins je le croyais…

Mes douleurs, notamment articulaires, ont disparu, j’ai gagné en masse et en carrure même si cela n’était pas mon objectif premier. Après presque un an de pratique et de recul, je me suis rendu compte que j’avais pu m’appuyer sur une méthodologie cohérente qui s’articule entre le livre vert, le livre rouge et les articles du blog


I. LIVRE VERT (tome 1) : LOGIQUE DE PROGRESSION DES NIVEAUX


NIVEAUX DE BASES ET FONDATIONS : 1 A 5 SQUELETTE

*1 : mise à niveau

*2 : étapes préparatoire = renforcement musculaire, étirement musculaire, libération articulaire

*3 : Accoutumance aux modes plus hauts, démystifier les répétitions, continuation du renforcement, et préparation pré musculaire aux pleines amplitudes.

*4 : première approche des pleines amplitudes, entraînement de l'étirement musculaire et articulaire étendu avec la logique des modes.

* 5 niveau de jonction : test, stockage des séries et démystifier la longueur des répétitions pour aborder le niveau 6 plus sereinement psychologiquement. Ce qui permet l'ajout d'autres exos et de repousser ses limites musculaires pour une meilleure progression.


NIVEAUX INTERMEDIAIRES, PARACHEVEMENT DE LA LIBERATION MUSCULAIRE ET ARTICULAIRE PAR L'AJOUT D'EXOS : 6 à 9 CHAIR ET MUSCLES


*6 : Une sorte de niveau 2 dans le niveau intermédiaire. Adaptation du corps à une charge d'effort plus élevé. Développement des capacités athlétiques.

*7 : Gradation de la difficulté, coupler endurance et force musculaire avec la logique de mode.

*8 : Pousser la logique des modes au bout en atteignant plus rapidement la stagnation. Difficulté augmentée mais le corps préparé par les niveaux inférieurs réagit beaucoup mieux avec un risque moindre de blessures. Le corps est prêt pour les maxis.

* 9 comme le niveau 5, niveau de jonction. A ceci prêt que l'on bascule de la logique de mode à la logique de maxi. La logique de mode permet en faite de s'adapter à chaque particularité musculaire, à chaque pratiquant. Chaque pratiquant par cette logique peut préparer son corps progressivement à la véritable musculation au poids de corps (à mon sens et d'après ce que j'ai compris) : la logique des maxis.


NIVEAUX SUPERIEURS : 10 A 13 PARACHEVEMENT DE L'ATHLETE CONSTRUIT AVEC LES NIVEAUX PRECEDENTS


Véritable commencement de la musculation au poids de corps avec la logique des maxis. Si nous avions commencé la logique des maxis dès le niveau 1, la condition physique des pratiquants n’aurait pas été adaptée. Le manque de libération articulaire, le manque d’étirement musculaire, de force et d’endurance nous aurait conduit à tricher sur la réalisation des amplitudes ou sur les répétitions.
La logique des maxis nous permet d’entrer de plein pieds, sans tensions psychologiques, dans la musculation au poids de corps. Nous construisons alors notre propre autonomie sportive.



II. LIVRE ROUGE (tome 2 : Turbo)

Le livre vert jette les bases d’une musculation au poids de corps accompagnée et structurée. Mais le livre rouge permet la personnalisation de cette musculation pour chaque pratiquant. Le premier tome est l’ossature, le second tome est la chair.

A mes débuts, je me souviens avoir suivi à la lettre les indications de passage de niveau du livre vert. Puis, quand je me suis senti beaucoup plus en confiance, j’ai commencé à mettre en œuvre le livre « Turbo ». On se rend compte très vite que le tome 2 nous permet de nous adapter en fonction de notre « personnalité » sportive.
Les outils du livre rouge nous permettent de prendre en compte notre ressenti physique pour construire une pratique de musculation plus proche de nos propres attentes. Le technique anti stagnations, la boucle et la mini-boucle allègent notre rapport à l’effort en le dédramatisant.
J’ai senti alors que je me crispais moins sur le résultat et que je me concentrais plus sur le ressenti. Je devenais plus libre de prendre du recul sur ma propre pratique et je réfléchissais plus où je voulais en venir plutôt que de foncer tête baissée en avalant les répétitions.

Le livre vert et le livre rouge changent, inconsciemment, le rapport à la pratique. De l’effort on passe au plaisir. Et lorsque le plaisir prend toute sa place dans la musculation, nous pouvons voir plus loin et nous éloigner du sport-sanction qui doit être forcément douloureux pour progresser. « No pain no gain » ? Non, simplement le plaisir de la pratique et de se construire dans un projet qui est le nôtre.


III. LES ARTICLES DU BLOG

C’est la cerise sur le gâteau. Le livre vert c’est la base, le livre rouge c’est la personnalisation pour une meilleure efficacité et rendre toute sa place au plaisir, et les articles du blog c’est inscrire ce plaisir dans une logique plus globale.

Les articles sur la stratégie de la motivation, l’utilisation de la mini boucle et des techniques anti stagnations (et bien d’autres encore) permettent de donner du dynamisme aux outils fournis par la méthode. Ils nous aident à mieux cerner le moment de leur utilisation dans notre projet personnel. On est libre alors de s’inventer, de manière structurée, un corps qui s’inscrit dans une globalité. Autrement dit, qui s’inscrit dans notre vie.

La méthode, en changeant notre rapport à l’effort et à la musculation, réhabilite le plaisir et la construction de soi pour un athlète libre et non plus esclave. On ne se plie plus à notre pratique, c'est notre pratique qui est une partie de notre projet. Mens sana in corpore sano.

Posté dans Musculation
Olivier Lafay

Commentaires

  1. Interessant en effet. Je profites de l'article pour poser une question. Peut-on commencer votre méthode sans pouvoir travailler les jambes (tendinites d'achille) ?
    Merci

  2. Bien joué wuxing :), un bon post !
    Blondin, tu peux, je vois pas pourquoi ce serait interdit lol.

  3. C'est vrai que j'ai aussi du mal à considérer les niveaux 10 à 13 comme étant "véritable musculation au poids de corps" : cela induit une finalité.

    Je trouve que les maxis sont une autre façon de travailler, de progresser. On s'attarde plus sur les sensations que les répétitions: c'est un pas vers le rythme lent.

    Quand as réalisé les hauts niveaux, je trouve moyennement intéressant d'y rester ad vitam aeternam, pour travailler constamment en maxis.

    Si on cherche à progresser toujours plus, la réponse est dans la boucle permanente, les hauts niveaux sont un passage, pas une fin.

    On a trop tendance à voir les niveaux comme une progression, le niveau 2 étant inférieur au 3 lui même inférieur au 4 etc... C'est vrai, mais c'est surtout une grande boucle, où chaque niveau est une étape, un passage, pour développer son corps, et apprendre ce qui finalement le fait le mieux progresser: des boucles ou des maxis, ou du rythme lent, personnaliser ses niveaux...

    Sinon c'est une analyse très intéressente et enrichissante ;)

  4. Une explication très simple est très compréhensible des niveaux, c'est toujours enrichissant de découper comme ça pour mieux comprendre, on peu clairement voir que les niveaux sont fait de manière logique pour atteindre de la meilleure manière possible l'un des objectifs d'un entrainement au poids du corps : grosse amplitude, série longue.

    C'est que c'est tellement bien dit que je vais de ce pas sur son carnet!

  5. J'ai lu le début de ce texte :
    Donc, si je ne me trompe pas, il décrit à sa manière, tous les niveaux du livre.

    En lisant la suite, y'a une terme qui m'a fait sursauté et sur lequel je ne m'étendrais pas car il a déjà été débattu en long, en large et en travers. :

    "nous pouvons voir plus loin et nous éloigner du sport-sanction qui doit être forcément douloureux pour progresser" .

    Je ne dirais rien car tout à déjà été dit, mais pour moi cette phrase est une contradiction en elle même.

    Pour ma part, je suis au niveau 2, mon max était le niveau VII.

  6. "Je ne dirais rien car tout à déjà été dit, mais pour moi cette phrase est une contradiction en elle même"

    Tu as raison de ne rien dire ! C'est pour ça que moi non plus, je ne m'apesentirai pas mais pour moi cette phrase est parfaitement cohérente.

    Le progrès grâce à la douleur > le progrès malgré la douleur > le progrès sans la douleur.

  7. @Spooner: don't feed the troll...
    Sinon on va encore avoir droit à ce débat stérile (ou presque)

  8. Bonjour à tous,


    Je remercie Olivier d’avoir pris le temps de considérer mon écrit et de l’avoir partagé ici.




    Je voudrais préciser quelques petites choses au sujet de l’article.
    Il est né sur le forum, à la suite de nombreux échanges et discussions. Sa vocation première était d’apporter une vision d’ensemble sur la pratique. J’ai constaté que certains débutants voulant des résultats très rapidement changeaient la structure de la méthode. D’autres se trouvaient également frustrés de ne pas avoir des résultats correspondant à leur idéal au bout de quelques mois de pratique seulement. Le désir de résultat occultait très souvent une vision globale de l’entraînement.


    J’ai donc posté une série de messages sur mon carnet et d’autres pour montrer que la méthode était dynamique et suivait une logique propre. Elle nécessite un minimum de pratique et surtout de ne pas casser la cohérence de l’ensemble du système.




    Ainsi, l’article n’a pas pour vocation la systématisation. Il est un condensé de toutes ces discussions.
    Ce n’est pas une thèse universitaire, simplement la vision d’un pratiquant destinée à répondre, improprement, aux craintes d’autres pratiquants. On peut donc facilement trouver des défauts et dire que certaines phrases sont une contradiction.





    Pour répondre à Jean-Paul. Oui, il y a une notion de finalité. La raison en est que la nuance est postée dans le carnet d’un autre pratiquant. Nuance dans laquelle j’indique que les groupes de niveaux sont tout aussi valables les uns que les autres et que la finalité n’est pas le niveau 13, mais l’autonomie du pratiquant. Par commodité je ne pouvais pas tout mettre et il a fallu choisir ce que je pouvais dire et ne pas accaparer l’espace du blog ^^




    Bonne pratique à tous et merci aux membres du forum pour ces échanges !



  9. à Wuxing,

    Je n'ai pas été assez curieux ;)
    Nous sommes bien d'accord sur la finalité de la méthode, être musclé et indépendant^^

  10. Bien cet article.

    Il résume la réflexion que je me fais en ce moment même. La proposition de valeur de la méthode est dans son orchestration verticale et horizontale. C'est à dire qu'on peut analyser les mouvements comme un tout équilibré depuis le 1er au dernier exercice d'un niveau, mais aussi isoler un mouvement et analyser sa progression de niveau en niveau. On peut voir comment son amplitude évolue. Regardez le dernier exercice de la triade, il s'adapte constamment à son environnement (flagrant entre le niveau 2 et 7).

    Ainsi quand on analyse les niveaux comme tu l'as fais Wuxing, on s'aperçoit d'une harmonie complète.

    Quant à la polémique sur les blessures à l'entraînement : Hiroo Mochizuki, allez jeter un œil sur google pour voir qui c'est, est aussi dans cette démarche de détruire le "no pain no gain". Dans le temps c'était louche un combattant qui ne s'était jamais blessé. Cela voulait dire qu'il ne se donnait pas à fond. Depuis que Me Mochizuki enseigne les mouvements avec une pédagogie basée sur les mouvements ondulatoires, plus de blessures. Tous les gestes ont été réadaptés. On se blesse beaucoup moins et on transpire tout autant, sinon plus.
    De plus, la puissance est décuplée. Tout bénef.

  11. Merci Paulocaster,

    C'est intéressant ce que tu dis sur Hiroo Mochizuki. J'ai eu l'occasion de pratiquer le Yoseikan Budo et je comprends très bien l'idée des mouvements ondulatoires dans la pratique des armes, du corps à corps ainsi que la prévention des blessures.

    En terme d'efficacité et d'économie des ressources, le relâchement et les mouvements ondulatoires permettent effectivement une nouvelle manière d'aborder l'effort et le combat. Je l'ai pratiqué avec le Krav Maga et cela a été une belle remise en question.

    Dans la même veine, j'ai pas mal travaillé à mon petit niveau sur le lien entre libération articulaire, prévention et combat.

    J'ai eu l'occasion de rencontrer Kenji Tokitsu, qui propose d'aller encore plus loin en developpant une structure corporelle souple. Pour tous ceux qui s'intéressent à ça vous pouvez aller jeter un oeil dans "La recherce du Ki dans le combat".

    Quoi qu'il en soit, la souplesse permet l'adaptabilité et l'efficacité en économisant ses ressources. C'est d'autant plus utile que dans la vie de tous les jours on peut se libérer des tensions physiques et psychologiques pour se concentrer sur des tâches multiples. En plus de préserver le corps ça donne une disponibilité d'esprit plus grande.


Express Yourself!