Musculation et dignité humaine

lundi 29 juillet 2013 à 09:37

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Les deux citations ci-dessous, de Gregory Bateson, vous permettront d'affiner votre perception des différences entre musculation élitiste (classique) et musculation efficiente (Méthode Lafay).

Steve et Pépito
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Vous pouvez me donner votre interprétation et votre sentiment dans les commentaires.



"Voici ce que je considérerai comme promoteur de la dignité humaine :
a) les séquences de comportement interpersonnel qui accroissent l'estime de soi d'un des acteurs sans diminuer celle des autres;
b) les séquences qui encouragent l'estime de soi chez tous les acteurs;
c) les idées générales et les conceptions de la vie qui nous aident à envisager nos rôles sociaux avec respect."




Arnaud et Denis
 photo Arnaud01_zps624260db.jpg  photo Denis01_zpscb2adde7.jpg



"Si nous prenons l'exemple d'une culture qui conditionne l'estime de soi à une réussite supérieure à celles des parents et qui ajoute à ce modèle l'idée selon laquelle les possibilités de réussite sont limitées, de telle sorte que le succès de A doit forcément en priver B, nous obtenons alors un tableau qui doit nécessairement réduire la quantité totale de dignité humaine."



Guillaume et Mathias
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Dorian
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(vous pouvez cliquer sur les photos pour les avoir en grand format)
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Olivier Lafay

Quelle boussole choisir? L'efficience ou l'inaccessible?

mercredi 10 juillet 2013 à 19:03

Viser l'inaccessible
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et atteindre son possible
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Certains pensent que rêver de l'impossible permettrait d'atteindre le possible.
Cela justifierait ainsi leur vénération pour les athlètes dopés, alors qu'ils se proclament eux-mêmes de purs naturels.
Rêver de muscles inaccessibles et de charges qu'un humain ne saurait déplacer (ou alors avec aides chimiques) vous mettrait, selon eux, en condition d'atteindre votre plein potentiel (le "possible").

Mais rêver ne fait rien atteindre.
Il n'y a aucun lien logique entre le rêve et la concrétisation de quelque chose qui serait bien en-dessous de ce rêve.
Et pire encore :


"En nous efforçant d’atteindre l’inaccessible, nous rendons impossible ce qui serait réalisable."
(Robert Ardrey, cité par Paul Watzlawick)



Ne peut-on atteindre le possible sans même penser à l'impossible?
Est-ce que rêver de l'impossible va mécaniquement vous permettre de réaliser votre plein potentiel?
Certains pensent que c'est la génétique qui va déterminer les résultats possibles pour chacun, même si l'esprit de chacun n'aurait, selon eux, pas de limites (mind has no limit)... Toute limite du corps serait, pour eux, "génétique".
Cela voudrait alors dire que l'esprit "rêve de l'impossible", mais que le corps est soumis à des lois qui conditionnent à elles seules le possible. Dans ce cas, si l'esprit ne peut tout que dans son espace dédié, pourquoi penser que le rêve est en mesure de produire le possible?


Pourquoi ne pas plutôt s'occuper essentiellement de ce qui est réalisable?
C'est comme ça que fonctionne la Méthode.

Comment savoir ce qui est réalisable?
On sait ce qui est réalisable en :
1 - s'évaluant correctement.
2 - évaluant correctement un objectif.
3 - évaluant les outils à sa disposition.
Ce qui est réalisable l'est en fonction de compétences évaluées à un instant donné en fonction d'un objectif correctement défini.
Le réalisable est "relatif à"...
Pas besoin d'un impossible et de rêves de grandeur inaccessibles pour libérer son plein potentiel. Au contraire, l'impossible comme boussole remplit le sportif d'une grande tension et le mène à l'obsession, à la violence envers soi et à la blessure. Et, comme le souligne Watzlawick, ce qui était réalisable est alors devenu impossible.



Nota : les illustrations font référence au Mythe d'Icare (cliquez ici)

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Olivier Lafay

Teaser prochain article

mardi 2 juillet 2013 à 12:18

Le prochain article sera composé de 15 parties et sera diffusé sur le blog sous forme de feuilleton.

L'axe central de cet article sera constitué d'une analyse de mes rapports avec un auteur de livres de musculation qui a été une référence, mais qui ne l'est plus, un auteur désormais (presque) oublié. Un auteur que le développement de la Méthode Lafay semble désormais, et à jamais, confiner aux oubliettes, et pourtant il me faut parler de lui, poussé par une logique nécessaire que vous découvrirez dans l'article.
J'expliquerai en quoi il m'a influencé, et comment je m'en suis détaché, ressentant profondément la nécessité de trouver une autre voie que celle du "no pain no gain", et donc de de l'idéologie qui sous-tend la musculation traditionnelle et cette expression.

Ce sera l'occasion de traiter de nouvelles notions, propres à la Méthode Lafay, de les présenter tout au long de ces 15 épisodes dans leur rapport dialectique aux notions fondatrices de la musculation traditionnelle.

Comme je l'écrivais dans La construction d'un modèle alternatif :"La musculation avec haltères et machines a vu surgir à ses côtés des formes alternatives où l'utilisation du poids de son corps prime. Les sportifs sont sortis des salles, réhabilitant la gymnastique et l'effort rustique. Mais les valeurs qui sous-tendent la définition de l'objectif et l'investissement physique et psychologique n'ont guère été questionnées, ceci par manque de recul sur le conditionnement culturel de la pratique, qui conduit à toujours utiliser le même fond, quelle que soit la forme."
La plupart d'entre nous pense encore comme il y a 250 ans, étant bien peu au fait de l'histoire récente des idées, des nouvelles sciences et formes de pensées, de leur évolution sur les cent dernières années et des conséquences que cela peut avoir sur la musculation (vision et pratique).

Le conditionnement social provoque l'oubli et le désintérêt pour l'histoire des idées, des représentations du monde. Et chacun de considérer que les valeurs dominantes "vont de soi"... Et chacun, dans un monde de souffrance, de désirer, sans la voir ni même l'imaginer faute de moyens, une alternative. Tout en étant emporté, parfois avec délectation, dans le jeu de la compétition sociale à outrance, de la violence imposée aux autres, sur un océan chaotique, sans réel but, sommé de... s'adapter en détruisant et s'auto-détruisant.

Sans liberté, pas de choix. Sans recul, pas de liberté. Sans culture, pas de recul.
Le rapport que nous avons à la culture et le rapport que nous avons à la liberté sont identiques, symétriques, consubstantiels.
La culture étant ici définie comme l'utilisation d'outils autorisant la construction d'un recul critique, sur le monde, les autres et soi, comme je l'exposais déjà sans Stratégie de la motivation :
"Evoluer, c’est sortir de la culture grâce à la culture.
Le terme culture comporte deux acceptions :
La première est la panoplie de tous les éléments constitutifs d'une société : traditions, manières de parler, de se vêtir, de se comporter, d’entrer en relation… C’ est l'ambiance générale dans laquelle baigne tout nouveau venu dans un monde.
La seconde est constituée d’une réflexion sur la première. Il s’agit de prendre du recul, d’exercer son esprit critique, de mettre en doute le monde que l'on voit. Ce monde ne va pas de soi, il est « relatif ». En se « cultivant », on gagne de l’autonomie, on devient capable de rejeter les fausses évidences, les croyances erronées ou limitantes. On comprend pourquoi et comment chaque vie, chaque regard sur le monde, peut et doit être singulier. La culture, en ce sens, est la création d ’un être singulier.
Toute invention est le fruit de ce regard neuf produit par le recul critique."


C'est la possibilité d'un accès à la construction de ce recul critique que je propose en décortiquant depuis des années les liens entre conditionnement social et pratique "no pain no gain" de la musculation, une nécessaire relation de subordination. C'est une passerelle de culture qui ramène à soi.
Dans cette optique, je mets à votre disposition différents regards permettant d'éclairer les conditionnements et l'emprisonnement de l'âme qui en résulte. C'est pourquoi, je conclurai cette présentation de mon prochain article en vous proposant un regard singulier et paraissant prophétique à ceux qui n'ont pas encore pris connaissance de l'histoire des idées et valeurs, celui d'Aldous Huxley en 1932 :

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Pensez-vous, après lecture de ce texte, que la musculation traditionnelle puisse échapper à ce conditionnement et constituer un espace de liberté?

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Olivier Lafay