Discours sur les méthodes - Part I

mercredi 26 octobre 2011 à 10:09

Cet article sera illustré par des photos de Luc (le plus sec) et Alexandre (le plus volumineux), tous deux pratiquants et ne devant leurs résultats qu'à la Méthode.



Introduction


Le microcosme de la musculation a traversé deux phases majeures depuis la publication de la Méthode en 2004. L'indifférence, le rejet plus ou moins argumenté et violent, et l'expectative furent constitutifs de la première phase. La publication massive d'ouvrages semblant traiter des mêmes sujets, une fois le succès de la Méthode avéré, signa l'entrée dans la seconde phase.

Sur internet, la validation, par les pratiquants eux-mêmes, des capacités réelles de la méthode, engendra l'évacuation de l'indifférence et de l'expectative. Le rejet persista néanmoins, bien souvent instrumentalisé au service d'intérêts divers.

Les conflits avec l'auteur et les multiples croisades contre la Méthode recouvrent des enjeux importants dont les plus évidents sont la maîtrise d'un territoire et l'élimination de ce qui est désigné comme étant concurrent, réalisée en lui subtilisant ses atouts.

Les détracteurs de la Méthode Lafay, mis à part les possédés jouant le rôle d'idiots utiles, sont des commerçants, s'inscrivant dans une imitation systématique des actions valorisant la Méthode ou émanant de sa notoriété.
Ces conflits ouverts relèvent de la pensée magique, irrationnelle, bien que se voulant stratégique. L'idée centrale étant qu'il suffit de salir, éliminer, rabaisser, tout en copiant, pour vaincre.

L'intérêt du pratiquant est bel et bien secondaire dans ces attaques, copies, rumeurs, diffamations et autres, qui polluent la scène médiatique des tenants de la musculation.
Et c'est ce qui me désole ! J'ai élaboré la Méthode en rejet d'une conception élitiste de la musculation qui place le profit et non le pratiquant au centre de ses préoccupations.
On peut considérer, étant donné l'importante notoriété acquise par la Méthode, que le projet s'est montré convainquant.

Mais, dès 2009, mes propos et signes distinctifs ont été utilisés et détournés pour en faire d'uniques objets de profits immédiats.
Beaucoup trop perçoivent la Méthode comme un produit qu'il s'agit de copier, concurrencer, éliminer, dans l'unique but de faire du profit, sans penser à la satisfaction de l'utilisateur final.

Afin de faire évoluer cette situation, j'ai décidé d'écrire cet article en huit chapitres, pour :
- mieux faire comprendre ce qu'est la Méthode, où elle prend sa source et s'enracine ;
- donner des clés à ceux qui veulent s'installer dans sa filiation (en tant que pratiquant, auteur ou webmaster).


A ceux qui désirent s'inscrire dans la filiation de la Méthode, l'article démontre, tout au long de ses huit chapitres, qu'il vaut mieux revendiquer cette filiation plutôt que la nier tout en cherchant à s'approprier ses éléments distinctifs.




Présentation des 8 chapitres

I – les 5 phases du deuil
Présentation de l'environnement/contexte ayant permis l'émergence de la Méthode. Description des phases conduisant d'une ancienne vision de la musculation à une nouvelle vision.

II – Que faut-il copier ?
Le mot méthode est-il magique ? Voici les rouages qui conduisent d'une autre façon de penser la musculation à un best-seller.

III – les mots sont importants
Le langage de la construction de soi doit gouverner le langage de la construction du corps. Et non l'inverse.

IV – les différents sens du mot méthode
Une seule appellation pour des réalités très différentes.

V - De l'importance du maître
L'ordre pédagogique doit faire de l'élève un maître.

VI – l'avenir de la musculation est dans la pédagogie
Le but n'est pas de montrer à d'hypothétiques lecteurs qu'on est bien allé à l'école de la musculation, mais de se mettre au service du lecteur pour l'aider à changer.

VII – vendre avec conscience
Les bases théoriques et techniques qui ont servi à l'élaboration de la méthode impliquent nécessairement de s'intéresser à ceux à qui l'on s'adresse.

VIII – La systémique rend poli
L'efficacité commerciale implique de tenir compte du contexte.




I – les 5 phases du deuil


La toute première apparition de la Méthode date du printemps 2004. Elle comptabilise ainsi près de huit années de contact avec le public.
Rapidement, elle a imposé une nouvelle conception de la musculation, que ce soit en termes philosophiques ou méthodologiques. Il devenait possible d'obtenir d'excellents résultats athlétiques sans y consacrer sa vie, sans charges lourdes et dangereuses, sans dopage. C'était la toute première proposition d'une musculation efficace qui ouvre au lieu d'enfermer, qui considère l'entraînement comme une hygiène de vie, périphérique, et non comme le centre attracteur de toute préoccupation.

Cette ouverture psychologique a provoqué une ouverture sociologique d'importance, la proposition d'un « meilleur compromis » ouvrant en effet la musculation à un public jusque là exclu de l'univers de la transformation corporelle. Tous ceux qui n'avaient ni le temps, ni l'argent, ni l'envie de s'immerger dans le microcosme de la musculation classique, mais qui cherchaient à modifier sainement leur corps, ont été séduits par le discours et le processus de la Méthode, leur offrant bien davantage qu'une voie d'accès acceptable.

Cette démocratisation en marche, rendue soudainement possible, ne peut-être dissociée d'un contexte révélant une transformation profonde de nos sociétés. Nous vivons une période de transition, qui signe la fin des idéologies positivistes et néopositivistes et de tout ce qui s'y rapporte ; le darwinisme social étant l'expression sociale terminale de ces formes de pensée qui ont frauduleusement majoré, dans l'observation de la vie, la part de la compétition aux dépens de la coopération. L'ultra-libéralisme, avatar extrême du capitalisme, connaît une crise sans précédent, qui révèle combien les modes de pensée assis sur une conception élitiste du monde sont à bout de souffle. L'hubris moderne a accouché d'un ouroboros qu'il n'est plus possible d'ignorer.
Cette évolution va de pair avec la montée de la pensée constructiviste, à laquelle se raccorde l'épigénétique.
Sous la pression de divers constats, épistémologiques, scientifiques, économiques, sociaux, environnementaux, des solutions sont alors proposées, dont les ambitions sont à la hauteur des enjeux. Elles s'étendent très logiquement à la pratique sportive, activité sociale majeure.

La Méthode est donc une réponse contextuelle, explicable, exprimant de par son discours et son processus les nécessaires mutations de notre temps.

Sa progression très rapide, dans le grand public comme dans les milieux sportifs avérés, a mis les adeptes de l'ancienne conception face à la nécessité de faire le deuil de son règne maintenant terminé. Lorsqu'une méthode constructiviste, utilisant principalement le poids du corps comme charge de travail, se hisse rapidement à la première place des ventes de livres de pratique sportive, placée là par les faveurs du bouche à oreille, et qu'elle conserve cette place année après année, on peut sans conteste parler de la fin d'une époque.





Les adorateurs et bénéficiaires de la conception traditionnelle de la musculation sont entrés dans une période de deuil en cinq phases, telle que décrite par Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre ayant théorisé les différents stades par lesquels passe une personne dès l'annonce de sa mort prochaine.
Le premier stade est celui du déni : la personne rejette l'information, la mettant sur le compte d'une erreur. Le second stade est celui de la colère : la personne se révolte contre l'information. Le troisième stade est celui du marchandage : la personne essaie de négocier avec le destin pour obtenir un sursis ou un arrangement qui lui soit profitable. Le quatrième stade est celui de la dépression : la personne se met en retrait et contemple sa souffrance. Le cinquième stade est celui de l'acceptation : la personne est prête à mourir.
Franchir une étape ne signifie pas nécessairement que la précédente soit terminée. Par contre, l'ordre ne peut être inversé.

Cette analyse est extensible à toute situation de perte importante. Le microcosme de la musculation traditionnelle a donc débuté son cheminement à travers ces cinq phases.
- le déni (dès 2004) : la Méthode Lafay ne peut fonctionner. Elle est inefficace par nature. Les séries longues ne donnent aucun résultat. Lafay n'a rien inventé.
- la colère : ce type nous insulte tous, C'est injuste! C'est un escroc et la réussite de son livre est uniquement dû au marketing. Faisons-lui la guerre sur tous les forums, piratons ses sites, harcelons-le, mettons-lui des commentaires négatifs sur amazon,fr.
- le marchandage : on désire que la Méthode Lafay cesse de se mettre en avant. On est prêt à négocier avec elle pour continuer à conserver la prééminence. Que Lafay avoue que sa méthode ne marche pas sur tout le monde, seulement sur quelques individus doués génétiquement.
- la dépression : la bataille pour éliminer la Méthode est définitivement perdue. On n'a plus de force. Le moral est très bas.
- l'acceptation : acceptons cette fin. Il ne s'agit plus de combattre ou de négocier mais de faire avec l'indiscutable puissance de la réalité.

« La réalité se manifeste là où nous échouons » a écrit Paul Watzlawick.

La progression dans les phases n'est pas égale selon les personnes et les groupuscules n'ayant pas supporté l'apparition de la Méthode Lafay et sa reconnaissance publique. Après huit ans, certains sont bloqués au premier stade (le déni), bien plus par ignorance que par obstination construite.
Les réactions actuelles, toujours vives après tant d'années, permettent d'affirmer que, globalement, le stade acquis le plus élevé est le marchandage (troisième stade sur cinq). La plupart oscille donc entre le second et le troisième stade.

Le marchandage : on conteste toujours que la Méthode est une innovation, on refuse toujours sa place de n°1, mais on ne conteste plus ses excellents résultats, tentant alors de les circonscrire à quelque cas « doués génétiquement ».
On constate également une volonté de faire intervenir l'auteur sur des forums de musculation en lui réservant un rôle d'exécutant soumis, le plaçant ainsi d'emblée dans la catégorie des subordonnés, ce qui pourrait préserver l'ordre établi. En diminuant ainsi l'impact de la Méthode, on tenterait de maintenir en place l'ancienne conception et ses bénéficiaires.
Un autre type de marchandage avec les faits consiste à bannir l'auteur sur de nombreux forums, par crainte de voir sa conception s'imposer naturellement, laissant la Méthode poursuivre son chemin sur ses seuls espaces dédiés.

La dépression : lorsqu'une vague d'assauts contre la Méthode, émanant des deuxième et troisième stade (colère, marchandage), s'essouffle, elle laisse la place à un grand silence. La violence s'épuise, crevée par les faits. Internet semble vide de tout avis négatif, pendant une longue période. L'installation au stade quatre (dépression) débute, qui peut laisser espérer le passage à la phase finale (acceptation).

Mais, jusqu'à ce jour, la résistance au changement s'est avérée trop forte ; et le retour aux premiers stades se fait inévitablement, compulsivement.

La dépression est atteinte, mais non acquise. Le passage au stade final, l'acceptation, est donc compromis.


Comme dit dans l'introduction, le but de cet article (en huit chapitres) est de fournir des repères à ceux qui veulent mieux comprendre la Méthode, que ce soit par curiosité ou par volonté de s'inscrire dans sa filiation. L'analyse enrichira le pratiquant soucieux de mieux maîtriser son entraînement et sa trajectoire de vie. Elle propose conjointement, ou induit, d'autres modèles de fonctionnement à ceux qui désirent reproduire le succès de la Méthode (ou qui veulent l'éliminer, la faire oublier).
Le but de ce premier chapitre était de mettre en valeur et d'accélérer le processus de deuil. Sans passage à l'acceptation, le reste des enseignements proposés dans les sept chapitres suivants ne sera pas pleinement utilisable, bien qu'instructif.


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Olivier Lafay