Fiche d'identité de "MOI JE"
jeudi 25 février 2010 à 07:51
Nom : Je
Prénom : Moi
Né le : depuis peu, multiplication
Lieu : Internet
Reproduction : clonage
Devise : Sois toi-même et hurle-le à la face de tes semblables
Philosophie : individualisme/relativisme. Ne crois en l’absolu que du relativisme sauf en ce qui le concerne : ne parviens pas à relativiser ses propres dires.
But : exister alors que cela lui est impossible tant qu’il n’aura pas tué le symbole d’une autorité.
Symptômes : contradictions évidentes et permanentes dans le discours / refus de l’autorité / refus des hiérarchies à moins qu’il ne soit placé à la seule place qui lui est due selon lui : son sommet. Prétend détenir la vérité. Prétend pouvoir décider qui d’autre ne la détient Pas. Relativise la notion de vérité lorsqu’elle émane d’autrui.
Frustrations : nombreuses car Internet a cloné le modèle et plus rien ne différencie Moi Je de Moi Je.
Conséquences possibles : cacophonie générale, inaudibilité puis destruction de la valeur.
Conséquences sur autrui : mouvements de foule, lynchage virtuel, interventions d’autres Moi Je consentant momentanément à soutenir le Moi Je initiateur du mouvement … Mais comme il n’y a pire Judas qu’un Moi Je, à la première occasion, le 2° Moi Je plantera une lame dans le dos du premier Moi Je.
Synthèse générale : Moi Je est pluriel bien qu’il pense être le seul à exister. Moi Je et Moi Je ne se différencient que par leur physique : le vide caractérisant leur pensée, il est impossible de faire la différence sur cette base. De façon paradoxale, la déification de l’égo, particulièrement patente sur Internet a eu pour conséquence un accroissement des phénomènes de mouvement de foule visant à détruire la différence, l’autorité naturelle, symbole archaïque de la figure du pater familias. Moi Je, c’est Oedipe qui tue son père, qui ne se crève pas les yeux et qui continue même de se taper sa mère.
Tentatives de guérison : aucun médicament n’est assez fort. Euthanasie virtuelle pour les cas désespérés.
Texte de Benoît C. (spooner sur musculaction.com).
Posté dans Philosophie
Olivier Lafay
le jeudi 25 février 2010 à 08:43
"Je est un autre" Arthur Rimbaud.
Le "Moi Je" est plus limité car systématique, donc plus prévisible (bien souvent dans sa mythomanie).
le jeudi 25 février 2010 à 09:40
Un méga bon texte, j'aime beaucoup!!! =)
Un phénomène de société en grande expansion malheureusement, pas seulement sur internet... Merci Spooner! ;)
le jeudi 25 février 2010 à 11:06
Exellent Spooner =)
> " ça c'est fait " ^^
le jeudi 25 février 2010 à 11:30
Olala, si classe... Si propre... Et si... Révelateur !
J'aime ! Hihi :)
le jeudi 25 février 2010 à 12:48
Merci pour ce texte, j'espère que ça calmera une partie des kikoophilosophes et kikoomédecins qui rôdent sur le net. Mais le Moi Je m'a l'air bien résistant... ^^
le jeudi 25 février 2010 à 13:26
Spooner égal à lui-même :))
Merci !
le jeudi 25 février 2010 à 14:23
moi je n'ai jamais fait de philosophie...moi je n'ai rien compris? hihihihihi
le jeudi 25 février 2010 à 16:04
le jeudi 25 février 2010 à 19:58
il y a un private joke ou je n'ai juste pas compris ? :)
le vendredi 26 février 2010 à 05:02
Excellent texte... Cependant si je peux me permettre une réflexion, répondre systématiquement à ces MOI JE, n'est ce pas une façon de les faire exister. L'indifférence ne serait elle pas la meilleure arme face à ce phénomène, surtout quand la majorité de ces énergumènes sont des pré-adolescents à la mèche rebelle
le vendredi 26 février 2010 à 07:48
le vendredi 26 février 2010 à 15:18
L'indifférence, ça serait accepter l'idée de dilution de la valeur. Le problème du relativisme érigé en absolu est qu'il profite de la liberté que donne la démocratie. Il en est le parasite (il n'existe que grâce à elle mais l'affaiblit puis la tue).
D'ailleurs, MOI JE s'appuie systématiquement sur la notion de démocratie pour revendiquer et même exiger le droit de proférer ses inepties, d'être publié, et qu'on lui dise en plus merci.
Dans le premier volet des aventures de Spiderman, il est dit : "un grand pouvoir induit de grandes responsabilités".
Puisque la liberté nous est acquise et qu'elle nous donne un certain pouvoir, soyons exigeants avec nous-même et devenons responsables (ce qui n'empêche pas de s'amuser). C'est à cette condition individuelle que nous constaterons une augmentation du niveau général.
En attendant que chacun soit responsable, la modération fait son travail ...
le samedi 27 février 2010 à 13:01
Les Moi Je existeront toujours. Je crois que ça tient dans la diversité même de nos sociétés, du quotidien de chacun et de son évolution, des éducations. Bien sûr en disant cela, il ne faut pas baisser les bras, il faut sans relâche faire preuve de sagesse en apportant ses idées et tenter de faire s'entrechoquer les Moi-Je à un raisonnement qui les fera réfléchir.
Et c'est vrai en plus qu'ils croient tout pouvoir dire sous le prétexte d'une démocratie. Mais sincèrement je pense qu'ils leur manque un élément pour saisir pourquoi ils ne peuvent pas voir plus loin que leurs limites, leur vision du débat n'est pas assez développé pour comprendre que leurs idées sont légitimes mais que c'est dans une forme qui respecte l'autre qu'il faut les faire passer. Trop souvent on n'est pas assez tolérant en voyant les limites de leur expression qui peut choquer et rendre aigri. C'est au travers d'une maïeutique qu'on peut faire avancer les choses.